La médiation animale, un métier qui a du chien

  1. Accueil
  2. racine

Alexia Muller est AMP aux Lacs d’Orient (Aube). Elle est aussi la référente du projet de médiation animale et maîtresse de Charly, chien médiateur et mascotte de l’établissement.

Alexia, quel est votre parcours professionnel ?

À 18 ans, j’ai fait un remplacement un peu par hasard pendant un été au sein d’une MAS. Je n’étais pas formée mais j’ai eu un déclic : alors que je ne venais que pour deux mois, je suis restée un an. J’ai eu la conviction que j’allais rester dans ce milieu professionnel. Par la suite, j’ai travaillé en tant qu’aide à domicile et j’ai fait des remplacements dans des EHPAD. En 2008, je me suis formée et j’ai passé le concours d’AMP. Après cette formation et un déménagement, je suis arrivée aux Lacs d’Orient qui s’appelaient alors le Domaine de Vaux, à Fouchères. L’établissement était dans un bâtiment ancien attenant à un château. Il a été reconstruit sur un nouveau site à Lusigny-sur-Barse.

En 2013, j’ai passé une VAE pour devenir monitrice-éducatrice.

Comment est né le projet de médiation animale aux Lacs d’Orient ?

Les résidents des Lacs d’Orient nous demandaient depuis longtemps un animal de compagnie ! De mon côté, j’avais déjà proposé des activités en lien avec des animaux, avec mon propre chien notamment. C’est ma passion et j’apprécie de la partager avec les résidents.

La Direction a répondu favorablement à leur demande d’avoir un chien, et je suis devenue la référente de cette nouvelle aventure. J’ai été formée par un organisme spécialisé qui nous a accompagnés tout au long du projet. Au fil des mois, il a évolué : au départ, la demande était d’avoir un chien à demeure dans l’établissement. Mais cela n’est pas possible si l’on respecte le bien-être animal : un chien a besoin d’avoir un maître. Quand il vit dans l’établissement, l’animal a trop de sollicitations, cela peut le fatiguer. Il a donc été convenu que le chien n’interviendrait que pendant certains temps précis d’animation. Cette décision a fait évoluer son rôle : il est passé de chien de compagnie à chien médiateur.

Quel est le rôle d’un chien médiateur ?

Quand on parle de chien médiateur, on pense tout de suite au beau chien d’élevage, le golden retriever très gentil par exemple. Mais un chien médiateur est souvent confondu avec un chien d’assistance, pour les personnes en situation de handicap ou malvoyantes par exemple. Leur rôle n’est pas le même : un chien médiateur créé du lien avec les résidents, il doit être dynamique, aller vers eux, il peut faire des bêtises aussi…Comme pour les humains, on n’attend pas d’un chien médiateur qu’il soit parfait. Au contraire, un chien d’assistance doit être constant et ne pas répondre aux sollicitations externes.

Aux Lacs d’Orient, le chien de médiation est au cœur d’activités spécifiques, et le reste du temps il est intégré à mon temps de travail : il participe aux soins et à la vie quotidienne. C’est d’ailleurs dans ces moments qu’il est le plus important. Par exemple, si une personne a du mal à se lever, on va envoyer Charly, qui va le réveiller en douceur. Un moment qui peut être compliqué devient un plaisir. Les résidents s’en occupent, le brossent, le promènent…

Au sein du FAM, on utilise Charly pour travailler des fonctions cognitives ou physiques : par exemple, on a des puzzles avec sa photo ; si l’on veut travailler des mouvements, on va brosser ou caresser le chien…On travaille le schéma corporel à partir du corps du chien. Nous faisons des ateliers motricité : le chien passe le premier, il motive les résidents qui ainsi sont plus appliqués. Ils ne se rendent pas compte qu’ils travaillent, ils ont l’impression de faire travailler le chien !

Il y a de nombreuses autres activités possibles. Un collègue propose du cani-cross : les résidents font de la course à pied, et l’un d’eux promène Charly avec un harnais. Des résidents peuvent amener Charly faire de l’agility : ils sont alors intégrés aux adhérents du club canin voisin. Cela permet de travailler beaucoup de notions, comme les repères dans l’espace, le fait de parler et d’agir en même temps (ordre au chien et déplacement), la mémorisation des parcours…Nous avons organisé des journées cani-rando avec d’autres établissements.

Nous ne constatons pas de progrès spectaculaires, mais nous avons des résultats, et on se lance plus de défis. Par exemple, une résidente s’en occupe et le sort seule. C’est une responsabilité que nous ne lui aurions sûrement pas confiée sans Charly. Une résidente qui refuse souvent de se mobiliser accepte parfois de nous rejoindre quand Charly est là. Sans s’en rendre compte, cela la fait marcher.

Alexia - carré