• 20/03/2023
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Ateliers éthiques : Savoirs, éthique et dépendance

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À Jouarre en Seine-et-Marne, un atelier éthique a rassemblé une douzaine de professionnels et des résidents qui ont échangé avec le philosophe Roger-Pol Droit. Les débats riches et animés ont permis de recueillir des témoignages et des situations concrètes sur le thème de réflexion éthique 2023.

« En matière d’éthique, il n’y a pas de « sachants ». Chacun, dans l’accompagnement des personnes âgées, a des compétences et de l’expérience ». Roger-Pol Droit a ainsi introduit l’atelier. Plusieurs questions ont permis de lancer les échanges, par exemple : qu’avez- vous avez appris en arrivant en EHPAD et que votre formation ne vous avait pas enseigné ? Quels savoirs faut-il pour être un bon professionnel ?...

Plusieurs professionnels ont souligné l’importance de l’écoute des résidents, de l’attention portée au comportement et aux histoires de vie de chacun : « au contact des résidents, on apprend beaucoup. La formation est la même pour tous, mais l’expérience et l’écoute permettent plus le sur-mesure ». En EHPAD, on apprend aussi la patience et le rythme de vie du résident. À la différence de l’hôpital, l’EHPAD est un lieu de vie. Dr Vignal a souligné la différence entre la formation initiale et l’expérience au contact de la personne âgée : « je suis d’une génération qui pensait tout soigner. Avec l’allongement de la durée de la vie et les maladies chroniques, on n’est plus dans le soin (cure), on est dans un accompagnement global jusqu’au bout de la vie (care) ».

Pour les résidents, l’arrivée en établissement a été l’occasion d’ajuster des idées reçues ou des représentations erronées de l’EHPAD : « il faut apprendre à vivre en société, alors que j’avais l’habitude de commander. Je me suis adapté », « ce que j’ai appris : la gentillesse du personnel ! je ne pensais jamais entrer en EHPAD, ma vie a changé mais je suis bien ici ».

Une synthèse des échanges sera produite pour nourrir à la fois l’événement des Estivales le 14 juin et le livre qui sera publié aux Editions PUF à l’automne. Les prochains ateliers éthiques en auront lieu à Dunkerque le 23 février et à l’Institut de formation à Lyon le 20 mars

Un grand merci pour l’accueil de Sébastien François et de toute son équipe !

Après Jouarre en Seine-et-Marne, Le Val des Roses à Dunkerque a accueilli le 2e atelier éthique ainsi qu’une conférence de Roger-Pol Droit qui a rassemblé de nombreux visiteurs. Pendant l’atelier, professionnels, résidents, familles et partenaires ont eu des échanges riches qui ont permis de recueillir des témoignages concrets sur notre thème de réflexion éthique 2023.

« L’EHPAD, ce n’est pas comme je croyais… Est-ce quelque chose que vous vous êtes dit ? À votre arrivée, que ce soit en tant que résident, professionnel ou famille, quelle idée – préconçue – a évolué ? » C’est avec cette première interrogation que Roger-Pol Droit a lancé l’atelier.

Résident ou professionnel ont été plusieurs à souligner la qualité du personnel et de l’accueil : « ce qui m’a le plus touché, c’est l’empathie… il y a beaucoup d’écoute… quand on arrive ici, on est en désarroi total. Le fait d’avoir des personnes proches de sa situation et qui peuvent partager, cela soulage beaucoup ». Certains ont évoqué le sujet plus largement : « le point essentiel, c’est le regard de la Société sur la personne âgée… elle est considérée souvent comme une sous-personne. Il n’y a pas d’espace pour parler de la vieillesse dans le débat public. Auparavant, il y avait une cohabitation des générations. Aujourd’hui, on cache la vieillesse. Or, on a peur de ce qu’on ne voit pas. Aujourd’hui, certains petits enfants n’ont jamais été dans un cimetière par exemple ! ». Les participants à l’atelier ont insisté sur l’importance de la transmission, notamment vers les plus jeunes, par exemple grâce à des moments qui rassemblent écoles et EHPAD.

Les professionnels ont insisté sur ce que le lien avec les personnes âgées leur a apporté et que la formation n’enseigne pas : la relation humaine, et le fait « d’aller au-delà de la technique apprise ». Accompagner n’est pas une affaire de technique en effet, c’est avant tout une personne qui accompagne une autre personne. Loin d’être un mouroir, l’EHPAD est un lieu qui est professionnellement enrichissant, où l’on se sent utile.

Chaque résident étant unique, il est par ailleurs difficile de parler des personnes âgées comme un ensemble. « C’est à nous de nous adapter pour que la personne puisse faire ce qu’elle souhaite » indique un partenaire présent. Cela ne s’enseigne pas, cela s’apprend avec l’expérience. L’un des résidents indique par ailleurs qu’être « dépendant ne signifie pas être soumis ou indifférent ». Lorsqu’on laisse aux résidents – comme aux professionnels – de l’autonomie, des initiatives très intéressantes se mettent en place, comme en témoigne une activité musique classique au Val des Roses. 20 concerts ont eu lieu et ont progressivement rassemblé de plus en plus de personnes. Il y a toujours de la ressource si on la laisse s’exprimer.

« Que manque-t-il dans la Société pour faire avancer le sujet du grand âge ? » Parmi les idées, un participant a proposé qu’il y ait au baccalauréat un module sur les différentes phases de la vie, chaque âge ayant sa finalité et devant être mis en perspective à l’échelle d’une vie. Un autre a indiqué qu’il était important que les études médicales contiennent un enseignement sur l’éthique.

Un compte-rendu détaillé de l’atelier sera réalisé pour nourrir l’évènement des Estivales en juin prochain ainsi que le livre qui sera publié aux éditions PUF à l’automne.

Une conférence de Roger-Pol Droit sur les représentations de la vieillesse.

Depuis Platon, Sénèque, Rousseau, Descartes, Simone de Beauvoir et bien d’autres, l’image de la vieillesse a évolué. Roger-Pol Droit souligne le paradoxe d’aujourd’hui : les personnes âgées n’ont jamais été aussi nombreuses, et pourtant elles sont devenues invisibles. Il esquisse 3 pistes de solutions résumées en 3 verbes : dé-invisibiliser, singulariser, retisser les liens. Une conférence passionnante !

 Pour écouter la conférence, cliquez ICI

Atelier et conférence ont été très réussis. Un grand merci à l’équipe d’Anne MOSZYK pour son accueil très chaleureux.

    Animé par le philosophe Roger-Pol Droit, l’atelier a réuni des personnes en formation IPSAV ainsi que des professionnels de la région de Lyon. L’atelier est venu croiser les points de vue sur le thème de l’enseignement de l’éthique, avec par exemple ces questions : Les formations apportent-elles les savoirs nécessaires pour prendre bien – éthiquement –soin les personnes ? L’éthique est-elle un savoir ou une pratique ? Agir éthiquement dans la prise en charge du grand âge, est-ce forcement s’adapter au cas particulier ? Dans une société qui invisibilise le grand âge, la diffusion des connaissances liées à l’avancée en âge est-elle une pratique éthique ? … Au CAR de Lyon, accueillis par Dana Jourde, les échanges ont été riches et ont associés Dominique Monneron ainsi que le neurologue Yves Agid.

    « Vous arrive-t-il de vous dire « ah si j’avais su… j’aurais fait autrement » ? », l’atelier a débuté par cette question de Roger-Pol Droit. En réponse, un agent de soin ayant fait partie d’une ancienne promotion IPSAV témoigne : « Avant cette formation je n’avais pas le vocabulaire, je ne comprenais pas toujours les consignes. Cela m’a permis de me sentir légitime dans ma fonction. Cela m’a donné confiance en moi et donc m’a permis de me rapprocher des résidents ».

    Un autre participant indique avoir appris la communication avec les résidents : « La formation m’a déjà appris à être plus vigilante, plus patiente, à essayer de plus chercher à comprendre les résidents. Cela m’a permis de leur laisser le temps, de réfléchir à la qualité de la relation et de l’accompagnement. Je vois les résidents autrement depuis la formation, je remarque quand ils sont angoissés. Je les prends dans les bras pour tenter de les calmer… »

    L’apprentissage grâce aux collègues a été également souligné comme étant important : « C’est une collègue aide-soignante qui m’a expliqué comment positionner une résidente, comprendre si elle a mal, comment faire attention à ses points d’appuis… ». Un agent de soin a précisé aussi : « Souvent on parle entre collègues, avec les infirmières… Par exemple on a été confronté à une résidente qui refusait de sortir de sa chambre, nous ne savions pas s’il fallait mieux la laisser dans sa chambre ou lui imposer d’aller au moins une fois en salle manger… Nous en avons discuté collectivement et décidé de la laisser rester dans sa chambre ». 

    Concernant la fin de vie, la formation peut permettre d’aborder plus facilement le sujet avec les familles mais cela reste difficile : « On essaie d’apprendre à communiquer avec les familles mais souvent elles ne veulent pas comprendre. C’est bien plus facile pour un proche de se dire que c’est la faute des soignants » indique un aide-soignant qui explique très justement que le sujet est plus large : c’est le problème de l’acceptation de la fin de vie et du déni des proches. « Les familles ont énormément de culpabilité, et ce sentiment est accentué par les scandales. On ne les accompagne pas assez sur le lâcher prise.  Souvent les proches ne savent pas quoi faire dans la chambre, donc ils culpabilisent. Ils pataugent dans ce nouveau monde qu’est l’EHAPD et ne parviennent pas toujours à trouver leur place ».

    Dana Jourde : « Les familles sont souvent dans « le faire » plus que dans « l’être ». Elles ont l’impression d’être présentes parce qu’elles font quelque chose avec leur proche. Il faut accepter qu’être juste là c’est assez, passer du « faire » à « l’être ». Et laisser le « faire » au soignant ».

    L’atelier a été suivi d’une conférence du neurologue Yves Agid dont le sujet était : « Qu’est-ce qui fait que l’on vieillit ? »

    Ecoutez la conférence  ICI