• 29/11/2019
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  • Arthur Gardiner

Coordonner les actions de lutte contre la douleur

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Prévenir et traiter la douleur des patients hospitalisés est au cœur des préoccupations des équipes. Les Comités de LUtte contre la Douleur (ou leurs équivalents) coordonnent les actions mises en œuvre dans les établissements sanitaires. Une mission où l’interdisciplinarité et la formation des soignants occupent un rôle majeur.

Une mission pluridisciplinaire

Une multiplicité d’acteurs est concernée par la prise en charge de la douleur. Ceci appelle à la mise en place d’une instance transversale et pluridisciplinaire afin de mener une réflexion collective, impulser des mesures nouvelles, conduire et évaluer celles déjà instaurées. À l’hôpital Arthur Gardiner de Dinard, cette instance est un CLUD (Comité de LUtte contre la Douleur), au CRRF André Lalande à Noth, il s’agit d’un « groupe douleur ».

Quelle que soit l’appellation, elle réunit, sur la base du volontariat, des salariés aux profils variés. Nadège Rouault, ergothérapeute au CRRF André Lalande explique : « Notre groupe est composé entre autres d’un médecin généraliste titulaire d’un DU Douleur, d’une aide-soignante, d’un professeur d’activités physiques adaptées, d’un ergothérapeute et d’une assistante sociale. La douleur peut être physique, morale, psychique, en lien direct avec le problème de santé et/ou les soins qui sont dispensés, et elle peut être aggravée par des problématiques socioprofessionnelles. Le point de vue de l’assistante sociale dans le mécanisme de la prise en charge apporte beaucoup à notre réflexion. »

À l’hôpital Arthur Gardiner, c’est le représentant des usagers qui est invité à participer au groupe. « Les questionnaires de satisfaction distribués durant le séjour des patients font partie intégrante des outils qui nous permettent d’améliorer la qualité de la prise en charge, explique Audrey Leboucher, responsable qualité à l’hôpital Arthur Gardiner. Une partie est dédiée à la question de la douleur. » Mais pouvoir dialoguer directement avec le représentant des usagers est un plus. Faire partie du comité de lutte contre la douleur est souvent affaire de convictions : « J’ai rejoint le groupe, car je voulais partager mon expérience et concourir à sensibiliser les professionnels à certains types de pratiques, précise Nadège Rouault. En tant qu’ergothérapeute, je privilégie dès que possible les approches non médicamenteuses : en plus des méthodes classiques (rééducation sensitive, tens, etc.), je me suis formée aux techniques de communication hypnotiques qui présentent des résultats très satisfaisants. J’ai par ailleurs beaucoup à apprendre des autres membres du groupe qui interviennent à des stades différents de la prise en charge du patient et développent d'autres approches. La douleur n’est pas une fatalité, c’est notre conviction. Il nous appartient de faire des propositions pour améliorer la qualité de vie des patients. »

Coordonner, évaluer, former

Les CLUD (ou équivalents) ont pour mission de définir, au sein de l’établissement, une politique de soins cohérente en matière de prise en charge de la douleur et de veiller à la promotion et à la mise en œuvre des actions dans ce domaine. Ils participent ainsi à l’élaboration et à la diffusion des procédures et des protocoles de lutte contre la douleur. Ils assurent la traçabilité et l’évaluation en continu des pratiques, grâce à des audits réguliers : par exemple sur le dépistage, sur les prescriptions d’antalgiques en « si besoin », sur les soins douloureux… Ils veillent à la bonne information des patients en distribuant des brochures et des enquêtes de satisfaction. Ils donnent leur avis sur les projets d’acquisition de dispositifs médicaux, établissent un bilan annuel des actions engagées, fixent des objectifs en termes d’amélioration…

Les CLUD garantissent également la formation et l’information des professionnels. « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ! » écrivait Nicolas Boileau. Le CLUD de l’hôpital Arthur Gardiner a par exemple mis en place des journées d’intégration des nouveaux salariés dont l’un des volets est consacré à la douleur. « Les personnels ont bien sûr été sensibilisés à la prise en charge de la douleur, lors de leurs études et de l’exercice quotidien de leur métier, précise Audrey Leboucher. Mais ces journées sont l’occasion de revenir sur les fondamentaux : les différents types de douleurs, leurs caractéristiques, leur impact et leurs conséquences cliniques, les échelles d’évaluation utilisées à l’hôpital, les prises en charge possibles (traitements médicamenteux, thérapies cognitives et comportementales, rééducation fonctionnelle, cryothérapie, thermothérapie, tens, etc.). » Ponctuellement est aussi organisée une semaine « douleur », durant laquelle les salariés, les patients et leur famille peuvent participer à des conférences et à des ateliers. Au CRRF André Lalande, la formation des personnels est également une priorité. Tous les mois, les salariés se voient proposer une formation interne où est entre autres abordé le sujet. « Le focus est régulièrement mis sur l’écoute du patient et l’évaluation de sa douleur, explique Nadège Rouault. Au-delà des outils qui sont à leur disposition, nous veillons à ce que les collaborateurs adoptent les bonnes pratiques de prise en charge. » Les CLUD ne sauraient être considérés comme des instances seulement consultatives. « À Dinard, nous avons la chance d’avoir deux infirmières référentes douleur qui permettent de faire un suivi précis des actions menées dans chaque service et de recueillir les besoins éventuels des équipes, souligne Audrey Leboucher. Nous faisons également partie du réseau interCLUD avec les centres hospitaliers de Saint-Malo et Dinan. Cela contribue à dynamiser et à enrichir nos pratiques. Si je devais résumer, je dirais que nous faisons preuve d’analyse, de propositions, de coordination et de communication. »