• 30/01/2020
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Des talents au service des plus fragiles

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La lettre P@rtage donne la parole aux collaborateurs de la Fondation. Découvrez le parcours de professionnels qui agissent au quotidien pour les personnes âgées, handicapées ou malades. Des talents qui font la force des équipes ! Voici Laurent Roux-Farnoux, cadre socio-éducatif au FAM Les Quatre Jardins, en Isère.

Quel est votre parcours professionnel ?

Avant de devenir cadre socio-éducatif, j’ai fait des études de psychologie et suis diplômé en psychologie Clinique et psychopathologie. J’étais parti pour devenir psychologue, jusqu’à un moment décisif dans mon parcours : lors d’un stage aux urgences pédopsychiatriques du CHU de Grenoble, j’ai rencontré un jeune qui présentait des troubles graves de la personnalité. Il était en rupture totale et complètement mutique. Il mettait en échec l’accompagnement proposé par l’équipe soignante. Un jour, il m’a proposé d’aller faire une partie de baby-foot avec lui. J’ai dû refuser par rapport à mon statut de stagiaire psychologue, car je devais rester « neutre ». Cela m’a réfléchir : je devais trouver un métier qui me permettrait d’utiliser les supports de la vie quotidienne pour comprendre, soutenir et accompagner. J’ai passé un diplôme d’état d’éducateur spécialisé. Pendant plusieurs années, j’ai découvert le « monde » du médico-social : j’ai travaillé dans différentes structures et services auprès d’enfants et d’adultes porteurs de tous types de handicaps (mental, physique, sensoriel…), en psychiatrie adulte et enfant, notamment auprès de personnes souffrant de troubles alimentaires. On m’a confié la responsabilité d’un lieu d’accueil parent-enfant, sous mandat judiciaire : je recevais et accompagnais dans cette structure le temps d’un week-end des familles pour maintenir le lien de parentalité avec leur enfant. Puis, je suis devenu cadre social à l’EHPAD Le Moulin et en parallèle cadre socio-éducatif au FAM Les Quatre Jardins. Pour accompagner au mieux ces différents publics, je me suis nourri de mes deux formations. Aujourd’hui, elles m’aident dans mes missions managériales.

Quel est votre rôle aux Quatre Jardins ?

Je suis arrivé aux Quatre Jardins à l’ouverture de l’établissement, il y a dix ans. Pendant ces quelques mois, avec mes collègues de l’encadrement, nous avons constitué l’équipe et pris le temps de la former, nous avons pensé et mis en place les organisations afin de déployer au mieux le projet d’établissement tel qu’il nous avait été confié. Je manage les professionnels du pôle socio-éducatif tels que les éducateurs spécialisés, les AMP, les AES, les moniteurs d’atelier, le professeur en activité physique adapté… Cela représente une vingtaine de personnes. J’ai un rôle de régulation, auprès des salariés et des familles. Je supervise et valide les projets d’accompagnement personnalisé des résidents. J’essaye d’être présent au maximum sur le terrain et de prendre part à beaucoup de décisions. Je suis particulièrement vigilant à ce que chacun accompagne avec bienveillance et empathie les résidents, en évitant l’infantilisation qui est une dérive possible dans les établissements médico-sociaux. Notre rôle est d’aider au maximum les résidents dans leur statut d’adulte en les rendant acteurs de leur vie. En parallèle de cette activité, j’interviens régulièrement dans différentes écoles qui forment aux métiers du médico-social. Je propose des formations, notamment sur les épilepsies, la bientraitance ou le projet d’activité. Je participe aux admissions et aux certifications de plusieurs diplômes d’état. Cela entretient le réseau partenarial. Faire connaitre l’établissement permet d’alimenter le nombre de candidats intéressés (et intéressants !) pour rejoindre notre équipe. Enfin depuis septembre 2019, je suis intervenant en analyse des pratiques professionnelles auprès de l’équipe d’encadrement de l’établissement L’Arc-en-Ciel. Ces séances visent à aider chaque participant à faire évoluer et à harmoniser sa pratique professionnelle, à questionner et consolider son éthique, à prendre du recul, à développer des compétences relationnelles ou encore à élaborer de nouvelles pistes de travail. Tout cela dans le but d’améliorer les accompagnements proposés aux bénéficiaires. Selon moi, ces séances ont aussi comme finalité de participer à la prévention des risques psycho-sociaux.

Selon vous, quelles qualités sont nécessaires pour faire votre métier ?

Il faut des capacités d’analyse et de prise de recul : chaque situation est différente et importante, et elle mérite qu’on prenne le temps d’y réfléchir. Cela concerne aussi bien la vie quotidienne des résidents que des problématiques RH ou émanant des familles. Une écoute active est nécessaire. Il ne faut pas avoir peur de la tâche, savoir s’organiser…Je dis souvent qu’il est important de pousser plutôt que de tirer : en tirant, on s’épuise, et on ne voit pas bien ce qui se passe. En poussant, on voit son équipe avancer, on voit ceux qui sont en difficulté. Voir, entendre, soutenir, pousser : c’est comme ça que j’envisage mon métier.

Par rapport aux publics que vous avez accompagné, qu’est-ce qui est différent aux Quatre Jardins ?

Tous les résidents des Quatre Jardins souffrent d’épilepsie sévère pharmaco résistante. Les niveaux d’autonomie sont différents. Certains ont accès au langage verbal, d’autres non. Certains présentent des troubles graves du comportement et de la personnalité. Nous devons proposer un accompagnement personnalisé au sein d’une collectivité. Le « vivre-ensemble » peut parfois être compliqué : certains résidents peuvent avoir des difficultés à exprimer leurs émotions. Cela passe donc par « l’agir ». Nous accompagnons aussi les résidents dans l’expression de leur vie relationnelle, affective et sexuelle. Ou encore, nous leur facilitons l’accès à la compréhension de leur environnement grâce à la mise en place d’une communication institutionnelle à base de pictogrammes. Ce qui est particulier aux Quatre Jardins, c’est que nous accompagnons des résidents extrêmement fragiles nécessitant une présence médicale en continu. Il faut donc jongler entre une prise en charge sanitaire et éducative, tous les jours. L’équipe socio-éducative doit entendre les avis médicaux et parfois se mettre en retrait. L’équipe médicale sait aussi se faire plus discrète parfois. Ce dosage est possible en échangeant, et plaçant le résident au cœur des décisions et préoccupations. Pour parvenir à cet équilibre, nous accordons beaucoup de temps à la réflexion et aux échanges. Nous sommes comme une équipe de sport : chacun à un rôle, mais nous sommes tous ensemble. La conflictualité des points de vue doit s’exprimer afin de trouver le compromis et ainsi harmoniser nos pratiques. Cela permet d’avoir des équipes saines et soudées. Je suis vraiment très chanceux de partager mon quotidien avec des équipes engagées, bienveillantes, ayant le souci de bien faire leur travail. Je suis fier de travailler aux Quatre jardins !