• 01/09/2018
  • Dossier
  • Actions innovantes
  • La Quiétude

Favoriser le maintien à domicile des personnes âgées : l’appartement témoin à Corbehem

  1. Accueil
  2. Les Tilleuls

En 2017, la Conférence des Financeurs du Pas-de-Calais a lancé un appel à projets concernant la création d’espaces-témoins aménagés avec des aides techniques et domotiques facilitant le maintien à domicile des personnes âgées. Les équipes de La Quiétude à Corbehem (Nord) se sont mises sur les rangs pour relever le défi.

111 000 euros récoltés pour le projet

La Quiétude est un ancien foyer logement dont les résidents ont vieilli. L’établissement s’est adapté en se transformant en EHPAD. « Nous connaissons bien les problématiques de la perte d’autonomie liée à l’avancée en âge, explique Marielle Pannecocke, directrice de l’établissement. Nous disposions également de deux logements dédiés à l’accueil temporaire, dont l’un pouvait être aménagé en espace-témoin. Répondre à l’appel à projets était donc une évidence pour nous. Toutefois, nous ne voulions pas nous contenter de mettre au point une simple “vitrine”. Il en existe déjà beaucoup, mais faute de pouvoir essayer les équipements, les personnes âgées n’en retirent pas une vraie utilité. »

La direction a sollicité Charlotte Regost, ergothérapeute-domoticienne de la MAS de Loos, pour plancher sur un projet de logement qui permette aux usagers de découvrir les solutions d’aménagement dont ils pourraient bénéficier, et dans lequel ils pourraient séjourner temporairement afin de tester, dans des conditions réelles d’utilisation, les équipements. Le solide dossier qui a été déposé a permis d’obtenir de la Conférence des Financeurs une subvention de 81 000 euros. L’AG2R, partenaire privilégié de l’établissement, a complété le financement avec un apport de 30 000 euros.

Se mettre à la place des usagers pour proposer des solutions adaptées à leurs besoins

Charlotte Regost revient sur la mise en œuvre du projet : « Nous avons constitué un groupe de travail pluridisciplinaire réunissant l’IDEC, l’agent technique, deux ergothérapeutes, une conseillère en économie sociale et familiale, un stagiaire en technologies nouvelles et autonomie, la responsable de site et la directrice de l’établissement. Nous nous sommes mis à la place des usagers pour prendre en compte leurs besoins, mais aussi leurs contraintes. Nous avons ainsi fait en sorte de proposer des solutions qui soient accessibles financièrement. Inutile de choisir un visiophone professionnel multifonction quand un produit du commerce est suffisamment performant et vendu dix fois moins cher. De la même façon, la plupart des usagers vivant en location ou en copropriété n’ont pas l’autorisation d’entamer des travaux sur la chape de béton pour installer des douches à l’italienne. Nous avons donc recherché des bacs à douche accessibles aux fauteuils roulants ne nécessitant pas de gros œuvre. Favoriser le maintien des personnes à domicile, c’est s’adapter à la réalité de leur quotidien. »

Autre ambition sur le projet, proposer des équipements modulables. « On parle souvent de normes d’accessibilité, précise Charlotte Regost. Mais ces normes sont standardisées : un lavabo de 90 cm peut être trop bas pour une personne très grande et encore trop haut pour une personne âgée en fauteuil. Plus qu’un logement “accessible”, nous avons voulu proposer un logement “adaptable”. »

Ainsi la table de salle à manger, les meubles de cuisine, les toilettes, le lavabo sont réglables en hauteur dans l’appartement, et pourront être adaptés à chaque personne lors des travaux au domicile. L’appartement contient de très nombreux équipements pour que les usagers puissent vraiment choisir ce qui leur sera le plus utile et le plus facile à utiliser. Les résidents de l’EHPAD ont été associés à certains stades de la réflexion. Il leur a par exemple été demandé de tester des télécommandes et des écrans tactiles. Les avis étant finalement très partagés, l’équipe a pris le parti de proposer dans cet appartement tous les modes de contrôle d’environnement possible : télécommande standard, tablette tactile plus évoluée, contrôle vocal avec module « OK Google », application à installer sur son smartphone…

L’appartement contient également des dispositifs d’alerte et de téléassistance en cas de chute ou de malaise, des équipements facilitant et sécurisant les transferts (barre d’appui, lève-personne…), des systèmes d’éclairage automatiques se déclenchant lors des levers nocturnes...

Charlotte Regost précise : « Nous avons travaillé sur l’aménagement du lieu en tant que tel, de façon à le rendre agréable et pratique. Les résidents de l’EHPAD nous ont aidés à choisir les coloris. Nous avons veillé à rendre aussi invisible que possible le côté “technique” de l’appartement ; et pour les éléments plus apparents, comme les interrupteurs, nous avons essayé d’en faciliter l’usage en utilisant des repères de couleurs : bleu pour les volets, jaune pour l’éclairage, vert pour les ouvertures de portes, etc. »

Les entreprises en équipements consultées ont aussi été de très bons conseils grâce au recul dont elles disposent sur l’utilisation de certains matériels.

Aller encore plus loin

Mais le projet ne saurait se réduire à cette seule dimension technique et domotique. Marielle Pannecocke explique : « Dès le début, notre ambition a été d’offrir aux usagers un accompagnement poussé. En lien avec la conseillère en économie sociale et familiale de La Quiétude, nous avons rédigé un guide contenant toutes les informations permettant d’entreprendre les démarches administratives et de faire des demandes de financement pour aménager un logement. Charlotte Regost a élaboré un livret contenant la description de toutes les installations présentes dans l’appartement, avec leur intérêt et leur coût. » L’ ouverture de l’appartement au public devrait avoir lieu courant octobre.