Un arbre planté pour un résident, tel est le projet innovant de Partage et Vie, en collaboration avec la Caisse des Dépôts et la Société Forestière. Retour d’expérience avec Jean-Yves Dayt, directeur à l’origine de l'idée et Monsieur Fleuri, résident.
Une ode à la vie
Les Arbres de Partage, c’est le nom du projet mis en place cet été en collaboration avec la Caisse des Dépôts et la société Forestière. Il s’agit de proposer à chaque résident des établissements de Partage et Vie qu’un arbre soit planté pour lui. L’opération a été lancée en phase pilote dans six régions : Normandie, Bretagne, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire, Île-de-France et Hauts-de-France, soit 40 établissements. Les arbres seront plantés dans la forêt de Gisors (Eure).
Jean-Yves Dayt, directeur de L’Archipel et des Dames Blanches (Seine-Maritime) revient sur l’origine du projet : « Cette idée a germé il y a quelques années. Un soir, j’avais un échange agréable avec une résidente. C’était un moment chaleureux et vrai, comme il en est parfois, qui fait la valeur de nos métiers. Le lendemain, j’ai appris qu’elle était décédée durant la nuit. Même si nous sommes préparés à la mort de nos résidents, la disparition de cette dame, que j’estimais aller bien, m’a durablement marqué. La vie est fragile et nous sommes par essence des êtres vulnérables. Je voulais entreprendre quelque chose dont l’élan positif soit inversement proportionnel à ce vide que je venais de ressentir. Je voulais également quelque chose de fédérateur, qui ait une résonance autant chez les résidents que chez les salariés, et dont chacun puisse s’emparer. Cela a mûri et a aboutir à l’idée de planter un arbre pour chaque résident. Un arbre, c’est un symbole de vie, de longévité, de mémoire. Monter une opération comme celle-ci pouvait avoir du sens. »
Restait à la mettre en place. Jean-Yves Dayt a alors présenté à Dominique Monneron, directeur général de Partage et Vie, et Catherine Schwartz, directrice de la communication, le projet : « Ils ont reçu mon idée avec intérêt et enthousiasme. C’est aussi grâce à leur réseau que l’opération a pris corps. Il était évident qu’un tel projet nécessitait l’intervention de professionnels dont l’expertise nous guiderait. »
250 ans !
Dominique Monneron a contacté la Caisse des Dépôts et Consignations. C’est un fait peu connu, mais la CDC, groupe public au service de l’intérêt général, est propriétaire de forêts en France. Elle en confie la gestion à la Société Forestière. Selon Jean-Yves Dayt, là encore l’adhésion a été immédiate : « Le projet s’est affiné. Il a été décidé de commencer par une phase pilote avec les établissements du grand quart nord-ouest. C’est ainsi 2 000 arbres, soit un par résident actuellement accueilli dans les établissements concernés, qui vont être plantés cette première année sur une parcelle mise à disposition par la CDC à Gisors dans l’Eure. Puis chaque année 500 arbres seront plantés. Élément important, la CDC et la Société Forestière ont apporté la dimension développement durable à laquelle j’aspirais. »
Pour des raisons de préservation de la biodiversité, il est donné aux résidents la possibilité de choisir entre trois essences d’arbres : le chêne, le tilleul et l’orme. L’orme est une essence qui a été presque éradiquée dans les années 1980/90, en raison de la graphiose. Réintroduire aujourd’hui, dans un environnement adapté, des individus sélectionnés pour leur résistance naturelle à cette maladie participe à l’objectif de sauver l’espèce. La CDC et la Société Forestière se sont engagées à doubler la durée du cycle de production de ces plantations par rapport à ce qui se pratique habituellement (soit 250 ans pour les chênes par exemple). L’allongement des cycles de production est une pratique sylvicole universellement reconnue comme étant favorable au développement d’une biodiversité importante et originale. « 250 ans, ça a de quoi donner le vertige. Mais c’est l’un des points forts du projet : il s'étend au-delà de nos vies humaines. C’est très symbolique. On prend en quelque sorte le contrepied de nos sociétés actuelles où tout va très vite. Et je me dis que c’est peut-être bien cela, le rôle des acteurs du grand âge et du handicap, dire à tous : “Ralentissez !”. »
« On a tous un arbre dans nos souvenirs »
Le projet a été proposé aux équipes et aux résidents cet été. « Quel plaisir cela a été pour moi de voir tout cela se concrétiser, explique encore Jean-Yves Dayt. Des brochures, affiches, marque-pages, fiches techniques ont été conçus pour embarquer les résidents et les équipes dans l’aventure. L’écho a été aussi positif que je l’espérais. On a tous un arbre dans nos souvenirs : celui de notre jardin, de la cour de récréation, de la place du village… Le choix des essences est souvent lié à une histoire de vie et donc l’occasion de partager un peu de soi. Mon souhait désormais c’est que l’on puisse emmener tous les résidents voir leur forêt ! Ce n’est pas forcément chose simple, mais cela nous met au défi de trouver les solutions pour le faire ! »
Un événement de lancement de la plantation va avoir lieu cet automne en présence des différents partenaires. Photos et vidéos permettront de le partager.
À terme, l’objectif est de déployer cette opération au niveau national, dans trois autres forêts, dans les zones est, sud-ouest, sud-est, afin que tous les résidents de Partage et Vie aient leur arbre. Chacune de ces forêts serait peuplée de ses essences propres, adaptées au milieu naturel.
Témoignage de Monsieur Fleuri, 93 ans, résident à L’Archipel de Duclair.
« Avec un nom comme le mien, j’étais prédisposé à apprécier le projet ! Je fleuris toute l’année ! Plaisanterie mise à part, je suis ravi de savoir qu’un arbre que j’ai choisi va pousser dans une forêt de la région. Mon choix s’est tourné vers le tilleul. Sans doute parce que l’une des maisons dans lesquelles j’ai vécu avec ma femme à Hénouville était située : « Résidence des Tilleuls ». Cela m’a rappelé des souvenirs ! Mais de nombreux autres arbres ont jalonné ma vie.
Il y a d’abord eu le chêne d’Allouville-Bellefosse, une curiosité de la région qui accueille dans son tronc vieux de 1 200 ans une chapelle. Je me souviens que nous allions le visiter régulièrement quand nous étions enfants. Et puis, lorsque j’ai été conseiller municipal, j’ai pris part à des campagnes de plantation d’arbres. Dans les écoles, sur les places des villages, devant les églises… dans tous ces lieux de rassemblement qui nous sont si familiers, il y a un arbre. Cela participe à la tradition. En tant qu’élu, il nous appartenait d’en prendre soin, de les remplacer si besoin. J’ai aussi fait partie de la « Confrérie de l’Ordre du Coing » ! Nous plantions des cognassiez pour en faire des confitures vendues à la Saint-Michel. Bon, je l’avoue, c’était surtout l’occasion de se réunir entre bons vivants ! Mais vous voyiez, les arbres, c’est souvent lié aux autres, au partage et à la convivialité.
Aujourd’hui, me voilà de nouveau en train d’en « planter » un. Et une fois encore, loin d’être un acte individuel, cela a été sources d’échanges. L’animatrice de L’Archipel a organisé un atelier durant lequel nous avons pu discuter sur les essences choisies et ainsi partager un petit bout de nos vies. J’aime beaucoup cette démarche et j’ai pris beaucoup de plaisir à y participer. J’espère que nous aurons l’occasion d’aller visiter le lieu de la plantation. »
Pour en savoir plus :
Télécharger la brochure : ICI
Télécharger la fiche le chêne : ICI
Télécharger la fiche le tilleul : ICI
Télécharger la fiche l’orme : ICI
Contacts :
Jean-Yves Dayt, directeurs de L’Archipel à Duclair et des Dames Blanches à Yvetot (Seine-Maritime)
Catherine Schwartz, Directrice de la communication de la Fondation Partage et Vie (Montrouge).
