C’est parti ! À partir du 3 février, Partage et Vie entame son cycle de formation des collaborateurs des unités protégées à la méthode Montessori. 63 établissements sont concernés. Le point sur ce que ce projet collectif va apporter aux résidents et aux équipes.
Une culture et des pratiques communes
Déployer des méthodes d’accompagnement innovantes, partager une culture commune, contribuer à une « vie bonne » pour nos résidents, tels sont les objectifs des équipes de Partage et Vie.
Actuellement, 60 % des personnes accueillies dans nos établissements sont en Groupe Iso-RessourceGIR 1 ou 2. Elles présentent des maladies neuro-évolutives qui se manifestent par des troubles psychologiques ou du comportement. Comment améliorer leur bien-être et avec quels moyens agir sur leur perte d’autonomie ? Partage et Vie a fait le choix de déployer la méthode Montessori qui a démontré son efficacité à la fois chez les résidents (amélioration de la qualité de vie) et chez les personnels (satisfaction au travail, recherche de sens).
« Aide-moi à faire seul »
Créée par Maria Montessori en 1907 pour les enfants, la méthode Montessori a été adaptée aux personnes âgées par Cameron J. Camp, docteur en psychologie américain. Elle se concentre sur les capacités préservées des résidents et non plus sur les déficits. Son grand principe est : « aide-moi à faire seul ».
Comme l’explique Jérôme Erkes, neuropsychologue et membre de l’équipe de formateurs en charge du déploiement dans nos établissements : « Une partie des difficultés des personnes qui souffrent de troubles cognitifs est liée à un environnement qui ne répond pas à leurs besoins. Quand on crée des environnements qui limitent l’individu dans ses possibilités, ses difficultés s’accroissent. Maria Montessori avait créé la “casa dei bambini” (la maison des enfants), un lieu dans lequel ils puissent se sentir véritablement chez eux et développer leurs capacités. Nous pourrions créer la “maison des anciens”, qui permette aux résidents de vivre le plus normalement possible au quotidien. » L’enjeu de la formation va être de donner aux équipes les clés les aidant à créer cet environnement favorable à un meilleur épanouissement des personnes en unité protégée.
La posture, le sens et la formation
Les formateurs vont travailler avec les équipes de Partage et Vie autour de trois axes. Le premier concerne l’accompagnement. Il s’agira d’inviter les collaborateurs à adopter une « posture de facilitateur », leur apprendre à créer les conditions permettant aux résidents de faire un maximum de choses par eux-mêmes. Cela sera possible notamment en proposant aux personnes âgées d’exprimer ce qu’elles souhaitent manger, les activités qu'elles veulent pratiquer, les vêtements qu'elles ont envie de porter… Faire des choix redonne un sentiment de contrôle sur leur vie. « Nous nous appuierons également sur la mémoire procédurale, précise Jérôme Erkes. Cette mémoire des gestes, des actions reste préservée jusqu'à des stades très évolués de la maladie. Ce qui veut dire que, pour peu qu'on sollicite les résidents de la bonne manière, ils sont encore capables d'apprendre ou de réapprendre. »
Les équipes travailleront également sur la mise en place d’activités porteuses de sens, qui contribuent à faire diminuer les troubles de l’humeur ou du sommeil, et à ralentir l’évolution de la maladie. Les activités de la vie quotidienne sont particulièrement concernées. Il s’agira par exemple de permettre aux personnes de pouvoir contribuer à la vie de la communauté : servir le café, mettre la table, changer la date sur le calendrier, préparer les affichages et la signalétique, faire les lits, etc. Certaines activités de groupe contribueront à cet objectif également.
Enfin, un volet de la formation sera consacré à la création d’un environnement venant soutenir l’autonomie des résidents : les aider à s’orienter dans la structure, à retrouver les choses par eux-mêmes, etc.
Nouveau regard sur la perte d’autonomie
Le cycle de formation vient d’être lancé. 7 jours par structure sont prévus : 3 jours pour les équipes de terrain, 2 jours pour les comités de direction, auxquels s’ajoutent 2 jours de suivi et d’analyse des pratiques. Les établissements de Frontenay-Rohan-Rohan et de La Rochénard (Deux-Sèvres) ont ouvert le bal avec enthousiasme. Pascal Cochelin, directeur des Troix Roix : « Nous sommes heureux de bénéficier de cette formation. La méthode Montessori nous donne de nouvelles clés pour repositionner au centre de nos pratiques les souhaits des résidents, leur histoire, leurs besoins. Elle nous invite aussi à poser un nouveau regard sur la perte d’autonomie, à faire évoluer la relation soignant-soigné. Cela contribue à redonner du sens à nos métiers, à ne pas penser seulement en termes de tâches mais de finalité de l’accompagnement. »
Parce que la pérennisation de cette méthode est primordiale, la formation de relais internes dans chaque établissement est également prévue. Ils auront pour mission d’assurer la transmission de la pratique aux nouveaux arrivants.
Enfin, originalité de notre dispositif, le déploiement de la formation va être assorti d’une étude clinique inédite dans le secteur, l’étude « IMéMori », destinée à mesurer l’impact de la méthode Montessori sur les résidents mais aussi sur les personnels, et sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir dans nos prochains numéros.
