• 10/02/2022
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Notre démarche éthique

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Cette année, le thème qui a été choisi est : « Grand âge et handicap, Éthique et Droit sont-ils convergents, opposés, conciliables ? ». Voici les premiers éléments de réflexion rassemblés dans un dossier constitué par le philosophe Roger-Pol Droit.

C’est en 2019 que la Fondation a entamé une démarche éthique qui associe des professionnels de Partage et Vie et des experts, philosophes, sociologues, médecins…. En 2020, le thème de réflexion a été « L'éthique du grand âge à l'épreuve du Covid » ; en 2021, ce fut « Vive bonne et grand âge ». Voici un nouveau sujet en lien avec le droit qui sera l’occasion nous l’espérons de nombreux échanges.

Le contexte sanitaire a accentué la tension entre éthique et droit

Dans l’accompagnement des personnes vulnérables, la crise sanitaire a suscité de multiples situations où la tension entre le droit et l’éthique s’est intensifiée : confinement des résidents, suspension des visites des proches, dispositions funéraires… A ces moments, notamment, nombreux sont ceux qui ont éprouvé le sentiment de se heurter à des règlements dont ils ne percevaient pas clairement la cohérence ni la pertinence, et dont la mise en œuvre les questionnait profondément. Face à des consignes élaborées dans l’urgence sanitaire – parfois floues, parfois inadaptées, souvent changeantes, ou dissemblables d’un lieu à un autre - il est arrivé que des professionnels ne sachent plus comment agir et se sentent pris en tenaille.

Qu’est-ce que l’éthique ?

L’éthique est avant tout un état d’esprit, un climat, plutôt qu’un système formalisé. Dans l’éthique, émanant de la conscience individuelle, chacun forgerait ses propres règles et choisirait sa conduite de manière autonome. Elle paraît être avant tout subjective, elle se rattache au comportement moral. Elle est un questionnement sur le positionnement le plus juste. L’éthique a le souci des cas individuels et des situations concrètes, jugés d’après une évaluation personnelle dépendant de notre conscience morale.

Qu’est-ce que le droit ?

Le droit se présente comme un ensemble de règles objectives, formulées et édictées par les institutions, destinées à s’appliquer uniformément à tous. Dans certains cas, l’application de ces règles peut être adaptable selon les cas particuliers, mais, sauf exceptions explicitement prévues, le droit est le même pour tous. Le droit est un ensemble de règles établies par la société, s’imposant à tous de manière à éviter l’arbitraire, sous peine de sanctions. Edictées par le pouvoir législatif et règlementaire, elles gouvernent la vie des hommes en société de façon générale, même si elles peuvent tenir compte des spécificités liées à certaines populations ou certains contextes.

Dans un monde idéal, il devrait n’y avoir aucun écart ni conflit…

Une plongée dans l’histoire des mots et des idées montre que le sens premier des notions d’éthique et de droit est très proche. Ethos, en grec ancien, veut dire « comportement » et l’adjectif éthikè, peut se traduite par « comportemental » : il s’agit de savoir comment se comporter bien.

Dikè, le terme qui désigne en grec ancien la justice, veut d’abord dire « manière d’être ». Etre juste, c’est adopter la manière d’être jugée bonne. Les deux sens  sont donc tellement voisins qu’ils semblent presque identiques : il s’agit de savoir de quelle manière agir au mieux, se conduire bien. Agir selon le droit serait la même chose qu’agir selon l’éthique, et réciproquement. Ce qui est légalement prescrit serait toujours moralement légitime !

Dans les situations réelles, rien n’est si simple. Des écarts, des tensions se manifestent. Ces situations, devenues fréquentes, sont au cœur de notre réflexion de cette année.

Antigone

La première mise en scène d’un affrontement entre éthique et droit, et sans doute la plus célèbre, se trouve dans Antigone de Sophocle, où l’héroïne refuse d’obéir au décret de Créon, qui interdit d’enterrer les ennemis morts au combat. A cette loi, qu’elle juge inique et inhumaine, Antigone refuse de se soumettre, parce que cette loi promulguée par le pouvoir s’oppose pour elle aux lois « non écrites », mais universelles, de l’éthique, qui prescrivent que tout cadavre humain mérite une sépulture. Dans cette tragédie se combinent plusieurs fils qui se retrouvent dans les interrogations sur l’éthique et le droit.

Les questionnements aujourd’hui

Les questions que pose la relation entre éthique et droit sont nombreuses. En voici quelques-unes :

  • Pourquoi et comment une loi peut-elle être injuste ?
  • Sur quoi se fonder pour contester la mauvaise loi ?
  • La moralité trouve-t-elle sa source dans la raison ou dans le sentiment ?
  • Comment trouver la juste distance et les bons ajustements entre le strict respect des lois et la prise en compte des situations individuelles et des cas particuliers ?

L’éthique contemporaine insiste sur le fait que la démarche éthique constitue une construction de solutions nouvelles à partir des cas singuliers, et non pas l’application de théories préexistantes. En ce sens, parler « d’éthique appliquée » serait à éviter, car il s’agit justement de ne pas appliquer quoi que ce soit, mais d’inventer des solutions inédites et, si l’on peut dire, sur mesures.

 

-> Pour en savoir plus, consulter le dossier complet de Roger-Pol Droit : ICI 
-> Pour en savoir plus sur notre démarche éthique  : ICI