• 01/06/2019
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Radio Heol

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Une fois par semaine, les résidents d’Heol (Saint-Nazaire) passent derrière les micros et enregistrent une émission de radio, sur un sujet qu’ils ont choisi ensemble. Retour sur ce projet.

La radio, LE média des résidents

Dans leur jeunesse, la plupart des résidents n’avaient pas la télévision. La radio était LE média pour s’informer et écouter de la musique. De nombreux résidents lui sont encore fidèles aujourd’hui. À Heol, Jean-Noël Moyon, assistant socio-éducatif, était chroniqueur radio. Dès son arrivée dans l’établissement, il a souhaité partager sa passion. Pour cela, il a organisé des jeux musicaux, qui remportaient toujours un vif succès. Il a alors identifié quelques résidents très impliqués et partants pour passer derrière les micros : « La musique est un bon vecteur de communication. Mon idée était d’y aller progressivement. D’abord leur faire découvrir le média, puis s’approprier la première partie de l’émission : sa préparation et son animation. Ils doivent gérer le casque et le micro. Pour l’instant, je suis aux manettes pour l’enregistrement, le montage et la diffusion. Mais je vais bientôt leur laisser la main »

Se raconter

Olivier Gincheleau, directeur de l’établissement, souligne que « les résidents ont envie de communiquer et de se raconter. Valoriser la parole des résidents, leurs souvenirs, leurs opinions…est important. Mais c’est encore plus enrichissant d’échanger avec d’autres. Selon le thème choisi, cela leur permet aussi de travailler le sujet au préalable. ». Parler derrière un micro se travaille : « nous faisons des exercices qui font partie intégrante de l’atelier : poser sa voix, apprendre à respirer… » souligne Jean-Noël. L’atelier a commencé avec trois personnes. Aujourd’hui, une dizaine de résidents habitués participent, avec des résidents plus occasionnels, qui souhaitent intervenir sur un thème en particulier. Une émission par semaine est enregistrée. Les thèmes sont choisis par les résidents, en concertation avec l’équipe de l’établissement. Il s’agit aussi bien d’actualités que d’émissions thématiques autour d’une chanson ou d’une fête par exemple.

Des conditions professionnelles

« C’est important d’avoir un rythme régulier, comme une « vraie » émission de radio. Cela permet aussi aux résidents de ne pas perdre la main » note Jean-Noël. Pour renforcer l’objectif de faire du professionnel, un véritable studio d’enregistrement a été installé dans l’établissement. Cet espace fait aussi partie de la réussite de l’atelier. Contrairement à ce que l’on peut penser, relativement peu de matériel est nécessaire : une table de mixage, un ordinateur avec quelques logiciels spécifiques, deux micros et deux casques. « C’est le matériel de base qui permet de faire des émissions de qualité. C’est un investissement d’environ 1000 € » précise Olivier Gincheleau.

Chaque émission demande de la préparation : le résident qui intervient rédige ses interventions : il s’agit du conducteur. « La radio ne laisse que peu de place à l’improvisation : on peut parfois rebondir de façon spontanée, mais la plupart des interventions sont préparées à l’avance. Avec l’animatrice, nous travaillons beaucoup sur l’écriture avec les résidents. C’est à eux de trouver le bon rythme entre l’écrit et l’oral. » explique Jean-Noël.

Enfin, l’atelier radio est un bon moyen de médiation autour du numérique : les enregistrements, montages et diffusions se faisant exclusivement sur ordinateur. Cela permet de sensibiliser les résidents aux nouvelles technologies.

Ne garder que le meilleur

La radio héol ne diffuse pas encore en direct : « Un temps de montage est indispensable après l’enregistrement, c’est ce qui permet de sortir un produit fini : je ne garde que le meilleur. Je coupe les petites imperfections : bafouillages, respirations, moments de silence…Les participants sont toujours très surpris, et fiers, d’entendre le résultat final. » Les progrès sont très rapides. Les résidents retrouvent de la confiance. Leurs proches changent de regard sur eux. « Tout le monde peut faire de la radio : je vais à la rencontre des personnes des unités protégées. C’est très important pour l’établissement que tous les résidents puissent essayer l’atelier au moins une fois. » explique Jean-Noël. Pour Olivier Gincheleau, le projet « est suffisamment mûr pour s’ouvrir vers l’extérieur : nous avons proposé aux personnes accueillies au PASA de participer : ils font une émission par mois. Nous nous ouvrons à notre voisin, Galathea. Nous avons aussi présenté la radio au CCAS de Saint Nazaire, qui a été surpris de la qualité des émissions. Nous envisageons un partenariat avec eux. » explique Olivier Gincheleau.


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