• 01/06/2018
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Regards croisés sur le métier d’IDEC

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Focus sur un métier exigeant, qui allie connaissances spécifiques et compétences en management d’équipe… Rattaché à la direction de l’établissement et en collaboration avec le médecin coordonnateur, l’IDEC (infirmier coordinateur) est responsable de l’organisation, de la coordination et du contrôle des activités de soins dans leur globalité. A l’occasion des Journées des IDEC organisées par la Fondation les 5 et 6 juin derniers à Montrouge, découvrez le parcours et le regard que portent Leïla El Farsi et Pascal Deully, IDEC dans les établissements respectifs de Schiltigheim (Bas-Rhin) et de Dunkerque (Nord).

Quel est votre parcours professionnel ?

Leïla El Farsi : À l’obtention de mon diplôme en 1992, j’ai travaillé en service de réanimation médicale au CHU de Strasbourg. J’y suis restée jusque 2008. J’ai ensuite exercé au sein d’une clinique pendant 1 an. Puis j’ai eu l’opportunité de rejoindre l’établissement Les Pâquerettes à Schiltigheim (Bas-Rhin), d’abord en intérim. A la suite à cette mission, en septembre 2011, on m’a proposé de rester. J’ai accepté un poste d’infirmière référente avant d’entamer, en 2012, une formation d’IDEC pendant un an auprès du CNAM de Strasbourg.

Pascal Deully : J’ai exercé la fonction d’infirmier libéral pendant près de 17 ans, et je cherchais à évoluer dans mon métier. L’opportunité de travailler au Val des Roses à Dunkerque (Nord) s’est présentée. J’y exerce la fonction d’IDEC, infirmier coordinateur. Au début de ma carrière, j’étais plus concentré sur l’aspect technique de mon travail. Plus j’avance dans le temps, plus je pense à l’autre. En libéral, le travail en équipe et le temps donné au rapport humain pouvaient me manquer. C’est aussi pour cela que j’ai souhaité travailler en EHPAD.

Pouvez-vous décrire votre métier ? Quels sont ses spécificités ?

Leïla El Farsi : En tant qu’IDEC, nous sommes le garant des soins. Nous devons veiller au bien être des résidents dans sa globalité. Les familles nous confient leurs parents : à nous de faire en sorte qu’ils se sentent bien, et qu’ils soient bien pris en charge. L’autre pan important concerne le mangement d’équipe : la gestion du planning, des absences… mais aussi les admissions des résidents en lien avec le responsable d’hébergement et le médecin coordonnateur. Au départ, ne plus faire de soins pouvait me manquer. Aujourd’hui, j’ai trouvé un bon équilibre en étant sur le terrain, très présente auprès des résidents, de leurs familles et des équipes. Les résidents savent qui je suis, et ils viennent spontanément dans mon bureau si besoin.

Pascal Deully : Nous sommes de véritables couteaux-suisses. C’est aussi ce qui fait l’intérêt du poste. L’IDEC travaille en binôme/trinome avec le médecin coordonnateur et/ou le directeur d’établissement, ce qui lui confère un champ d’action plus ou moins vaste. L’intérêt du poste réside dans le rapport entre la coordination, les ressources humaines, la gestion des remplacements… et le côté relationnel très important avec les résidents, les familles, les situations de fin de vie, etc. C’est un métier extrêmement enrichissant, tant du point de vue intellectuel qu’humain. Il y a aussi un pan de l’activité qui concerne la veille sanitaire, la démarche qualité.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre fonction ?

Leïla El Farsi : Pascal l’a signalé, et je le redis : c’est un métier extrêmement enrichissant humainement. Nous sommes au cœur de la vie de l’établissement. Un autre point important est le fait que je travaille en autonomie, avec la confiance de ma directrice : c’est appréciable. On forme un bon binôme. Elle sait qu’elle peut compter sur moi, et inversement.

Pascal Deully : S’il n’y a pas de journée type, je peux cependant dégager deux grandes missions. La première est l’aspect managérial, qui recouvre la gestion de planning, le maintien de l’harmonie au sein de l’équipe… Chaque matin, je fais le tour des résidents et de l’équipe présente. C’est important de prendre ce temps là. L’autre volet est l’accompagnement des résidents, la gestion et la coordination des entrées et des sorties. S’ajoute également tout ce qui est gestion du circuit du médicament, par exemple. Je me sens utile lorsque les familles, les résidents me remercient. Il faut savoir voir le positif, les petites victoires du quotidien. C’est un métier qui requiert d’être à l’écoute de l’autre.

Comment percevez-vous l’évolution de votre métier ?

Leïla El Farsi : La digitalisation a permis une énorme évolution, depuis que j’ai commencé à exercer. Et cela va sûrement s’accentuer dans les années à venir…

Pascal Deully : Le métier a changé depuis que j’ai commencé au Val des Roses. Avant, Nous faisions les transmissions sur des cahiers, nous travaillions avec des fiches bristol pour chaque résident. Aujourd’hui, la digitalisation, les évaluations internes et externes nous obligent à évoluer, et à nous remettre en question. Nous nous sommes beaucoup professionnalisés, on en demande beaucoup – et les équipes suivent ! Le déploiement de NetSoins s’est révélé assez facile, par exemple. Dans les années qui viennent, je perçois surtout la problématique du manque de médecins généralistes. Cela nous impacte en nous obligeant à prendre des décisions, en l’absence d’un généraliste ou coordonnateur pour le faire.