• 01/01/2019
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Réussir une plateforme d’activités physique adaptée

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Fédérer une équipe autour de la démarche, rédiger un cahier des charges, rechercher des financements, aménager les espaces, promouvoir la plateforme et la faire vivre après son ouverture… les étapes sont nombreuses pour mettre en œuvre un tel projet mais le jeu en vaut la chandelle. Retours d’expériences avec les établissements Père Brottier (Ille-et-Vilaine), L’Orée du Bois et Charles Vanel (Nord).

Bénéfique pour la santé et pour la convivialité

Les plateformes d’activités physiques adaptées ouvertes sur l’extérieur rencontrent un succès croissant. De plus en plus d’établissements pour personnes âgées souhaitent se lancer dans l’expérience. L’objectif est double. Tout d’abord, les bienfaits pour la santé d’une activité sportive régulière ne sont plus à démontrer. Par ailleurs, en rendant la plateforme accessible aux habitants de la commune, on contribue à faire de l’établissement un lieu ressource pour son environnement et à changer l’image que l’on peut en avoir. Point commun aux établissements Père Brottier, L’Orée du Bois et Charles Vanel : tous disposaient d’un terrain inexploité et avec du potentiel.

Clémentine Jouanne, responsable de site à L’Orée du Bois, explique : « Notre établissement est implanté au cœur d’un très beau parc. À partir de 2010, plusieurs chantiers ont été initiés afin de donner l’envie aux résidents, à leurs proches et aux habitants des environs de s’y promener : rénovation de la terrasse et des allées piétonnières, aménagement de mains courantes, installation de modules pour activités physiques adaptées, de bancs, de bacs de fleurissement, création d’une mini-ferme animalière… ». Même son de cloche dans les deux autres établissements. Sophie Pavoine est ergothérapeute au Père Brottier : « La mairie avait pour projet de créer un petit lotissement pour personnes âgées de l’autre côté du terrain qui jouxte notre établissement et que nous n’utilisions pas. Il nous a paru évident que créer un espace, dont pourraient profiter les futurs locataires, serait bénéfique pour tout le monde. C’est l’envie de proposer un lieu de rencontre et de convivialité qui nous a décidés à nous lancer dans l’aventure ».

À Charles Vanel, c’est le succès remporté par le projet de L’Orée du Bois qui a été le déclencheur. « Nous avions un terrain laissé en friche depuis des années, explique le directeur Jean-Luc Swirog. L’aménager en plateforme d’activités physiques adaptées nous permettait de rendre attractif notre établissement et de nous faire connaître des habitants des communes environnantes. »

Travailler en équipe pour créer un espace où se sentir bien

Les établissements se sont rapprochés des bailleurs pour leur soumettre leurs propositions. Toutes ont reçu un accueil très favorable, ce qui a permis à chacun de passer à la phase de rédaction du cahier des charges. De l’avis de tous, le projet doit être porté en équipe. Au Père Brottier par exemple, ce sont le directeur, l’ergothérapeute et le médecin coordonnateur qui ont piloté les opérations. « Nous avons aussi pris les avis de l’animatrice et du kinésithérapeute, explique Sophie Pavoine. Et je me suis également renseignée auprès de collègues ergothérapeutes qui travaillent en EHPAD. Nous voulions créer un espace qui convienne autant aux personnes valides qu’à celles qui ont des difficultés à se déplacer. Les modules sont évolutifs. Ils sont variés pour permettre d’exercer la motricité, l’équilibre, la coordination, la cognition. Nous avons porté une attention particulière à l’aménagement paysager car nous voulions que les usagers se sentent bien. Nous avons aussi souhaité construire une cabane pour les enfants. Elle rencontre un vrai succès ! »

S’entourer de partenaires

Les établissements ne sont pas en mesure de concrétiser un tel projet sans le recours à des financements extérieurs. Gaël de Freslon précise : « Notre parcours a été long et chaotique. Nous avons participé à un appel à projets de l’ARS en 2014 pour lequel nous n’avons pas été retenus. Mais nous avons continué de croire que le dossier que nous avions présenté était solide. Nous avons pris notre bâton de pèlerin et contacté de nombreux partenaires. La Fondation des Hôpitaux de Paris et l’Union Nationale des Combattants (UNC) d’Ille-et-Vilaine nous ont accordé des fonds. La mairie a accepté de financer la cabane pour les enfants. Le secret, c’est de faire comprendre à nos interlocuteurs qu’il s’agit d’un partenariat gagnant-gagnant. Par exemple, la mairie ne subventionne en général pas ce type de projet. Mais en leur expliquant que cette plateforme serait ouverte aux habitants de la commune et qu’il pourrait être intéressant d’y aménager des jeux pour enfants, nous avons usé d’un argument de poids face à des élus qui cherchent à améliorer le quotidien de leurs administrés. »

Christelle Manzano de la Fondation des Hôpitaux de Paris témoigne : « Le bien-être des personnes âgées nous tient à cœur. Nous sommes convaincus par ce type d’opération qui améliore la qualité de vie de nos aînés. Mais plus encore, ouvrir les établissements sur l’extérieur va contribuer à faire changer le regard des gens sur les maisons de retraite. Ce sont des lieux de vie très dynamiques. Nous, nous le savons. Mais il est important que tout le monde en ait conscience. » À L’Orée du Bois, le projet a été soutenu par la CARSAT, le département du Nord, l’AG2R La Mondiale. La CARSAT s’est aussi investie à Charles Vanel, ainsi que Klesia et le CCAH. Aujourd’hui, grâce au forfait autonomie mis en place dans le cadre de la loi ASV, les deux établissements sont en mesure de proposer aux résidents et aux habitants de la commune des ateliers d’activités sportives adaptées gratuits, animés par Siel Bleu.

Saisir toutes les opportunités et rester créatif

Plusieurs éléments concourent à la réussite de tels projets. À Charles Vanel, l’équipe a bénéficié de l’expérience de L’Orée du Bois. Elle a fait appel aux mêmes prestataires, ce qui a facilité le travail et permis d’obtenir des conditions commerciales avantageuses. S’insérer dans des réseaux, entretenir des relations suivies avec ses partenaires est également essentiel : « Je rencontre la mairie cinq à six fois par an, explique Gaël de Freslon. Je réponds présent aux invitations de l’UNC. Je participe aux réunions de la FEHAP, de l’URIOPSS, du Conseil départemental… Je profite de toutes les occasions pour parler aux gens, faire connaître mes projets et prendre des idées. J’ai connu l’action de la Fondation des Hôpitaux de Paris lorsque j’ai assuré l’intérim de direction de l’établissement d’Angers qui avait bénéficié d’une subvention de leur part. » Il faut aussi capitaliser sur la force du réseau de la Fondation. Jean-Luc Swirog précise : « Faire partie de la Fondation est un vrai plus. Le CCAH, Klesia et la CARSAT nous ont fait confiance car l’expérience leur a montré que nos établissements savent mener à bien leurs projets et que les retombées pour les usagers sont positives. »

La patience et la pugnacité sont indispensables. « Nous avons mis deux ans à faire aboutir notre projet, explique Sophie Pavoine, mais nous avons réussi. Nos résidents sont ravis, les habitants de notre commune également. »

Enfin, il faut rester créatif. Les équipes de L’Orée du Bois ont constaté que la fréquentation de la plateforme par le public extérieur n’était pas optimale. Elles sont parties en quête de nouvelles subventions qui leur ont permis d’acquérir un mini-bus. Elles ont pour projet d’aller chercher chez eux les usagers, de leur proposer de déjeuner à la résidence puis de profiter des ateliers de la plateforme. « Nous bénéficions du soutien du CCAS, conclut Clémentine Jouanne. Il va relayer notre proposition aux habitants. Nous avons tout à gagner en termes de rayonnement et de notoriété. »