• 09/11/2022
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Silence ça tourne ! Le cinéma s’invite chez Partage et Vie

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Découvrez le projet de long-métrage « Les Vieux » de Claus Drexel, qui filme certains de nos résidents.

Elles sont vieilles, ils sont vieux. Ils, elles, vivent seuls ou en couple. Ces gens-là seraient la France dʼhier, alors quʼils sont en vie ici et maintenant. Dans ce présent court et frénétique, quʼils habitent aussi mais que lʼon croit exclusivement nôtre, ils sont relégués au statut de témoins silencieux. Écoutons les, non pas comme des sages dont la parole est dʼor, mais plutôt comme des vivants imparfaits, touchants, irrités, drôles parfois, et toujours surprenants...

C’est ainsi que se résume le projet de Claus Drexel, « Les Vieux », un long-métrage documentaire tourné à travers la France et qui passe par certains des établissements de Partage et Vie.

Il a en effet posé ses caméras dans nos EHPAD de Lablachère (Les Pervenches) de Saint-Nazaire (Héol et Galathéa) et de Meylan (La Maison des Ombrages), pour filmer « nos vieux ».

 

Un projet au long cours

Seconde collaboration entre Claus Drexel et Gloria Films, « Les Vieux » est un futur long métrage documentaire dont la réalisation prendra au moins un an.

En effet, son dispositif de tournage est basé sur une longue période d’imprégnation pour entrer en contact et gagner la confiance des protagonistes. C’est sur un temps long qui laisse la parole se dérouler, se fonde sur un regard bienveillant et une oreille attentive aux différents discours, jamais préconçus, ni préparés, des « vieux » qui sont interviewés, que se déroulent les entretiens.

Claus Drexel est un habitué de ce mode de fonctionnement déjà mis en place lors de ses précédents tournages, pour des films eux aussi se concentrant sur les personnes marginalisés de notre société, les sans-abris parisiens ou encore les prostitués du Bois de Boulogne. 

Il cherche ici à faire le portrait d’une quinzaine de personnes du quatrième âge, qu’il estime d’une certaine façon à la marge, mais aussi plus proches de nous, que les protagonistes de ses documentaires précédents.

Sans chercher à établir un panel « objectif » de personnes, il recherche la plus grande diversité possible dans toutes les régions de France métropolitaine et outre-mer afin de recueillir une parole variée et découvrir des parcours de vie singuliers et originaux.

La rencontre est la clé

« Je veux prendre le temps de rencontrer beaucoup de « vieux », dans le but de « garder » celles et ceux dont la parole m’aura édifié, fasciné, persuadé que je suis qu’il est urgent de redonner de la valeur à l’expérience, que notre époque néglige, au profit du culte du présent et de la vitesse » Claus Drexel

En s’appuyant sur divers réseaux associatifs, dont la Fondation, le réalisateur cherche à rencontrer un maximum de gens d’origines et lieux différents. Les rencontres se feront ou ne se feront pas et il souhaite laisser libre cours au hasard lors de son voyage en France.

Seront retenus tous types de profils, selon la force de ce que raconte la personne et l’émotion qu’elle dégage. Il y aura « les sages, les sympas, les déprimés, mais aussi les grincheux, les colériques et les cyniques. »

« Il est essentiel que cette diversité habite le film »

Ce qui compte ce ne sont pas leurs exploits ou leur profil extraordinaire mais plutôt leur parcours de vie, leur émouvante simplicité. Des gens touchants qui n’ont pour certains pas trop lʼhabitude de parler d’eux, ou qui ne se sentent peut-être pas assez intéressants pour être filmés. Et qui pourtant ont des trésors en eux.

 

« Etre vieux est un état, pas une identité »

« En tant que documentariste, j’aspire à être un maïeuticien, dans le sens socratique du terme : faire accoucher les esprits de leurs connaissances, faire exprimer un savoir caché en soi, faire ressurgir des vies antérieures et les connaissances oubliées. »

A travers ce long métrage, Claus Drexel cherche à mettre en lumière ceux que l’on oublie parfois dans notre société au rythme effréné et frénétique. Ceux qui sont caractérisés par la lenteur, que l’on relègue au rang « d’improductifs qui coutent de l’argent à la société et ne lui rapportent plus ».

Il s’agit pour lui de voir les « vieux » comme les témoins de notre temps, qu’il faut écouter et cesser d’invisibiliser.

« Humblement, j’aimerais que ce film puisse contribuer à replacer les gens âgés à la table des vivants. » 

Donner la parole à ceux qui ont traversé les bouleversements de notre siècle, qui ont vécu les guerres, écouté Hitler ou Léon Blum, qui ont assisté à la naissance de l’ère spatiale, à la révolution sexuelle, à la construction européenne, qui ont vécu la révolution technologique qui nous parait si familière, qui voient leurs petits-enfants écrire sur des tableaux interactifs alors qu’eux-mêmes ont connu l’ardoise et les encriers.

Savoir ce qu’ils en pensent, pas seulement leur faire raconter leurs souvenirs mais leur donner une voix sur ce qu’ils pensent du présent. Ils sont vivants maintenant, alors que pensent-ils de notre époque, du haut de leur grand âge ?

C’est en filmant les visages, les corps, les espaces de vie de ces personnes, en les écoutant sans trop les guider que le réalisateur veut nous offrir une vision différente de ce quatrième âge, « offrir au spectateur une immersion émouvante, variée et incarnée, douloureuse aussi, dans ce qui nous fonde et nous compose.»