Tess Labbé, psychomotricienne

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La psychomotricité fait le lien entre les aspects psychologiques et les aspects moteurs d'un individu. En passant par le corps, en apportant un bien-être, en essayant de détendre la personne, cela peut avoir un véritable bénéfice sur les aspects psychologique et émotionnel.

Tess Labbé est psychomotricienne aux Quatre Saisons (Le Plessis-Robinson, Hauts-de-Seine). Découvrons ses missions et son rôle auprès des résidents.

Comment êtes-vous devenu psychomotricienne ?

Après l'obtention de mon baccalauréat, je souhaitais faire médecine. Mais après une année et un échec au concours, je me suis intéressée aux métiers du paramédical, ma vocation pour l’humain et pour les métiers d’aide à la personne étant intacte. Je suis alors tombée sur la psychomotricité, que je ne connaissais pas. Je me suis renseignée et j’ai réussi le concours. L’école pour obtenir le diplôme dure trois ans. J’ai appris ce métier en faisant mes études. En commençant, mon objectif était de travailler avec les enfants. En effet, c’est ce qui est le plus « vendu » ! Mais un stage en EHPAD m’a prouvé que c’est ici que je me sentais le plus utile, même avec encore peu d’expérience. Le simple fait d’apporter une présence, une écoute attentive et une chaleur humaine aux résidents semblait faire une différence significative dans leur quotidien. Je me suis sentie particulièrement utile auprès de cette population qui nous apporte une reconnaissance et une interaction bien particulières. J’ai souhaité continuer dans cette voie.

Mon poste aux Quatre Saisons est le premier pour moi. J’y suis depuis 2018, l’année d’obtention de mon diplôme.

 

Qu’est-ce la psychomotricité apporte aux résidents ?

La psychomotricité fait le lien entre les aspects psychologiques et les aspects moteurs d'un individu. Nos objectifs peuvent se rapprochent de ceux des psychologues : on travaille sur la dépression, l’anxiété, la difficulté que les résidents ont rencontré en venant vivre en EHPAD… Donc sur des aspects cognitifs et émotionnels. À la différence d’un psychologue, j’utilise des médiations corporelles pour prendre en charge le résident. Par exemple, la relaxation, le toucher thérapeutique, Snoezelen, la balnéothérapie…En passant par le corps, en apportant un bien-être, en essayant de détendre la personne, cela peut avoir un véritable bénéfice sur les aspects psychologique et émotionnel.

J’organise également de nombreuses activités de groupe : gymnastique douce, ateliers équilibre ou prévention des chutes, dont les objectifs se rapprochent de ceux des kiné, en lien avec l’aspect moteur. À la différence de la kiné, la psychomotricité n’a pas toujours un objectif de rééducation. L’objectif est plutôt que le résident prenne plaisir à se mettre en mouvement, à bouger, qu’il retrouve une envie de faire… On passe souvent par le jeu. En atelier, on travaille aussi sur la confiance et l’estime de soi, la socialisation, la communication…

En psychomotricité, on part du principe que tout est lié : travailler les aspects psychologiques peut être intéressant sur le moteur et inversement.

 

Quel est votre rôle auprès des familles et de l’équipe pluridisciplinaire ?

En ces temps d’épidémie, je suis beaucoup en lien avec les familles, plus qu’en temps normal. Je les rassure sur ce qu’ils ne voient pas du quotidien, sur les activités dans l’établissement.

Je travaille en lien étroit avec l’équipe, notamment la psychologue, le kiné et l’animatrice. Nous faisons des points très réguliers, pour parler ensemble des résidents que nous voyons chacun de notre côté afin de leur proposer le meilleur accompagnement possible. Les ateliers sont souvent faits en duo : je fais la balnéothérapie avec la psychologue, les ateliers gym douce avec le kiné, les ateliers du PASA avec l’AMP…J’ai également été à l’origine de projets transverses, par exemple avec le centre de loisirs voisin, en lien avec l’animatrice. Il est plus facile de gérer un groupe à deux personnes !

Tout le monde travaille ensemble aux Quatre Saisons, dans un but commun : apporter du bien-être au résident. La prise en charge ne serait pas efficace si chacun travaillait de son côté.

 

Quelles sont vos missions au quotidien ?

Je commence souvent ma journée par la lecture des transmissions et des mails. Je réponds à des familles notamment. Ensuite, je prépare la salle pour l’atelier du matin, je vais chercher les résidents et fait un premier atelier en groupe. Ça peut être de la gym douce, un atelier équilibre, un atelier ballon, un parcours moteur…Cela dure environ une heure. Ensuite, on range la salle, on accompagne les résidents au restaurant…L’après-midi, je propose soit un autre atelier de groupe, soit je travaille sur certains projets. J’interviens régulièrement dans notre PASA.

Chaque jour je propose deux activités de groupe et des prises en charges individuelles. Le travail en groupe est dynamique : les résidents s’encouragent, s’applaudissent, se soutiennent… L’individuel est nécessaire pour les personnes qui ont du mal à s’intégrer dans un atelier, ou qui ont besoin d’une prise en charge particulière ; cela peut être de la relaxation ou de la sophrologie par exemple.

En tant que psychomotricienne, je m’inscris dans le projet de l’établissement. Par exemple, j’ai réaménagé l’unité protégée avec la psychologue, pour la rendre plus chaleureuse, et mieux adaptée. On a refait la salle de balnéothérapie pour qu’elle réponde davantage aux besoins des résidents. Je suis la référente chute dans l’établissement. Enfin, je réalise des bilans psychomoteurs à chaque nouvelle arrivée.

Mes missions sont parfois toutes simples : par exemple, quand le déambulateur d’un résident est bruyant et que cela le gêne, je vais trouver des balles de tennis pour les mettre aux pieds afin de limiter le bruit ! Ces petites gestes sont essentiels, car ils apportent un plus au résident. Je sais qu’il est très rare d’avoir un psychomotricien à temps plein dans un EHPAD. Ce temps me permet de prendre le relai sur certaines tâches que les soignants n’ont pas le temps de faire. J’essaye de faciliter la vie de tout le monde, et d’assurer une meilleure qualité de présence auprès des résidents.

 

Un conseil à apporter à un psychomotricien pour travailler en EHPAD ?

Il faut aller au-delà de ce qu’on a appris à l’école : au début, je m’imposais des rythmes et des résultats. Mais parfois, je constate que le résident n’a pas besoin de ce que j’ai prévu. Il est nécessaire de se concentrer sur ses réels besoins. Par exemple, je suis allée voir une résidente arrivée depuis peu. Elle est angoissée. J’avais prévu une séance de relaxation/sophrologie. Mais en discutant, je me suis rendue compte qu’elle était inquiète car elle avait encore beaucoup d’affaires chez elle qu’elle souhaitait ramener car elle adorait son intérieur et avait mis beaucoup de soin à le décorer. Pour calmer son angoisse, il a été plus efficace de l’accompagner chez elle pour récupérer certaines affaires. Une séance de relaxation n’aurait pas réglé pas la source du problème.

Il faut apprendre à écouter et s’adapter pour trouver des solutions.

Tess

psychomotricienne aux Quatre Saisons (Le Plessis-Robinson)