Dans le numéro du 21 décembre, le philosophe et conseiller éthique de Partage et Vie donne son point de vue sur ce qu’est le vieillissement. Il évoque les travaux éthiques de la Fondation, rassemblés dans un ouvrage paru aux PUF sous le titre « Savoirs, éthique et grand âge ». Roger-Pol Droit donne aussi son point de vue sur l’actualité. Extraits.
Que retenez-vous de vos échanges avec les personnes âgées et les soignants ?
« En rencontrant celles et ceux qui accompagnent les personnes de grand âge, j’ai découvert au fil de ans, les trésors d’attention que ces professionnels déploient et ces savoirs pratiques qu’ils inventent. Ces femmes et ces hommes sont des explorateurs : ils avancent en terre inconnue ».
Le grand âge, c’est l’un des impensés de la politique publique ?
« Plusieurs facteurs ont empêché de voir le grand âge. La société a valorisé uniquement la jeunesse, la jeunesse, la santé, la productivité, en mettant à l’écart ceux qui ne rentrent pas dans ce modèle. Les liens entre les générations se sont distendus (…) Il faut faire bouger l’imaginaire collectif, avec des séries, des BD, des films comme celui de Claus Drexel – Les Vieux- dont Partage et Vie est partenaire et qui sortira en mars.
Qu’est-ce que vieillir ?
« Vieillir, ce n’est pas commencer à mourir. C’est continuer à vivre, différemment, dans une expérience que chacun traverse à sa façon. Depuis Platon, on a conçu le vieillissement uniquement comme une détérioration liée au temps. Il est vrai que l’on perd beaucoup – cheveux, dents, souvenirs, vivacité…. Mais il faut s’interroger sur ce que l’on gagne. Sérénité par exemple, et surtout liberté, grâce à un autre rapport au temps et au jugement. Ce versant positif est négligé. Il faut repenser vieillissement et vieillesse dans toutes leurs dimensions, sociales, médicales, psychologiques et philosophiques ».
Un entretien passionnant avec Jérôme Cordelier.