• 02/12/2019
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Comprendre et mieux gérer les troubles du comportement

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Hallucinations, sortie à l’insu, agressivité…En EHPAD, l’accueil du résident présentant des troubles du comportement est fréquent, rendant la prise en charge par les équipes souvent difficile. Pour éviter les situations qui mettent en difficulté, la Fondation a conçu une formation dédiée à la compréhension et à la gestion de ces troubles.

Une formation très demandée

Face à ces situations, le personnel notamment soignant peut être démuni et ressentir de l’appréhension. Le bien-être du salarié et la qualité de la prise en soin du résident peuvent être impactés. L’objectif de la formation est d’apporter des outils pour mieux comprendre ces réactions, d’y apporter une réponse et d’améliorer ainsi la qualité de vie pour tous. Pour Dalila El Halafi, directrice à L’Arousiney (Gujan-Mestras, Gironde) : « former du personnel aux troubles du comportement était une évidence. Nous avons deux unités protégées, qui accueillent un public sujet à ce type de troubles. Mais pas uniquement : 70% des résidents entrants dans notre établissement ont une pathologie entrainant des troubles du comportement, notamment en raison d’un manque de structures adaptées. Le besoin de cette formation émanait des salariés lors des entretiens annuels. Ils qui ont exposé leurs difficultés à gérer les violences de certains résidents. »

Les troubles du comportement peuvent être dus à des pathologies neurodégénératives, comme les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson, ou à des maladies psychiatriques (schizophrénie, troubles dépressifs…), et s’expriment de différentes manières : état dépressif, refus de soins…

« La formation d’aide-soignant passe très rapidement sur ces questions, contrairement à celle d’ASG. Et nous manquons de personnel formé. Un complément de connaissance est nécessaire pour assurer une bonne prise en soin. En cas de crise, si le personnel n’est pas formé, il peut être choqué et apporter une mauvaise réponse. Ce phénomène va s’accentuer mécaniquement avec le nombre de personnes âgées. » souligne Dalila El Halafi.

Prendre en compte la singularité de chaque résident

« En arrivant à la formation, les professionnels attendent des solutions. Tout au long des deux journées, j’essaye de leur faire comprendre qu’il n’y a pas de ‘baguette magique’ : chaque situation est unique et propre à chaque personne : son vécu, le moment de la crise, sa pathologie…Il faut se rendre compte de la singularité de chaque résident. » explique Marie Métivier, formatrice.

La formation commence toujours par un état des lieux des situations de chacun. Les profils des participants sont variés (aides-soignants, infirmiers, ASH, AES…diplômés ou non). Ils exercent dans des établissements différents, ce qui rend les échanges riches. Il est primordial de bien comprendre ce qui se passe lorsqu’une personne est « en crise ».

Avoir des connaissances théoriques sur ces pathologies est nécessaire. « Cela permet d’avoir le ‘pourquoi’ d’une réaction. En étudiant la crise d’un point de vue théorique, on la sort du champ personnel. C’est ce qui touche le plus un soignant. Il peut penser qu’il a fait quelque chose de mal, ou que le résident lui en veut personnellement, ce qui n’est pas vrai. » explique la formatrice. « Nous étudions le fonctionnement de chaque pathologie, comment elles évoluent, quels sont leurs impacts dans le cerveau et dans le corps… »

La clé : échanger

Lorsqu’une personne souffre de troubles du comportement, c’est tout l’établissement qui est concerné. Il est primordial d’aborder ce sujet en équipe et de créer de la solidarité. « Nous avions par exemple une personne très agitée et sujette à des hallucinations qui refusait toute toilette le matin. Ses crises pouvaient être violentes. Nous en avons discuté et proposé des solutions : ne plus venir à deux mais faire venir un seul soignant et proposer une toilette à un autre moment. Et cela va mieux. Les soignants n’hésitent plus à demander à être relayé, ou à discuter de leurs difficultés. » souligne Dalila El Halafi.

La formation permet de prendre du recul sur les troubles du comportement : « il est possible de mettre en place des solutions pour prévenir les troubles du comportement. Par exemple, il existe des crises dues à des bruits qui ne sont plus supportés, comme celui des couverts. Dans ce cas, il faut proposer une alternative au repas dans la salle commune et faire un repas en chambre par exemple. En général, il ne faut pas contraindre une personne, mais être dans l’optique de proposer une alternative. On doit s’adapter et inventer. Et surtout oser et se donner le droit de tenter des choses. Les troubles du comportement ont souvent lieu lors des moments de passation, lorsque les équipes sont fatiguées. Ce sont des choses à savoir pour pouvoir éviter les crises. » souligne Marie Métivier.

Une formation qui fait évoluer le regard

Pour Dalila El Halafi, « il y a un vrai changement dans le comportement quand les équipes reviennent de cette formation. Elles se sentent plus en capacité de faire face : les crises ne sont plus vécues comme des attaques personnelles, mais comme des problématiques de santé auxquelles des réponses doivent être apportées. Par exemple, on entendait souvent avant qu’un résident devait aller en psychiatrie, que l’EHPAD n’était pas sa place. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. On les sent reboostés ! On observe également un gain de temps pour certaines tâches, les pratiques sont plus efficaces. » À la fin de chaque formation, Dalila El Halafi organise un temps de transmission, où les personnes formées expliquent aux équipes ce qu’elles ont appris : « cela permet d’harmoniser les pratiques. Mais notre objectif est de former tout le personnel de l’établissement tellement cette question nous semble primordiale ».