• 01/06/2025
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Rachida, infirmière coordinatrice en EHPAD : « Ce qui me faisait peur est devenu ma passion ! »

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« J’ai eu un coup de cœur. J’aime les personnes âgées, profondément, sans pouvoir l’expliquer. Et j’ai aimé la prise en charge globale, le soin au quotidien, dans toutes ses dimensions. » Découvrez Rachida, infirmière passionnée.

Diplômée de l’IFSI Croix-Rouge de Bègles en 2015, Rachida débute sa carrière dans l’intérim. Un choix délibéré : « Mes stages ne m’avaient pas permis de découvrir assez de choses. Je voulais voir d’autres spécialités, m’enrichir professionnellement. » De la chirurgie esthétique à l’urologie, elle explore. Ce rythme, bien qu’exigeant, lui donne confiance : « J’ai découvert des environnements inconnus, c’était formateur. L’intérim m’a donné le luxe de choisir, de tester des environnements sans m’engager. »

Un week-end de mission en EHPAD bouleverse tout : « J’ai eu un coup de cœur. J’aime les personnes âgées, profondément, sans pouvoir l’expliquer. Et j’ai aimé la prise en charge globale, le soin au quotidien, dans toutes ses dimensions. » La mission de trois jours devient six mois. Elle comprend alors que l’accompagnement des aînés sera sans doute sa voie.

Un virage décisif… en pleine crise

Elle enchaîne plusieurs missions en gérontologie jusqu’à arriver à l’EHPAD du Bois du Loret, en tant qu’infirmière vacataire. « J’étais là si souvent qu’on me considérait comme une titulaire, sans l’être officiellement. » Lorsque l’établissement lui propose un CDI, elle décline toutefois, prise de doute. Elle quitte l’EHPAD, mais y revient rapidement en décembre 2020, en pleine crise COVID, pour aider face à un cluster. Les responsables la contactent pour venir en renfort IDEC. « Je n’avais aucune formation en coordination. Mais je savais qu’il fallait agir. »

Elle accepte la mission en pensant qu’elle sera temporaire. Finalement, elle y restera. « Ce que je redoutais – le management, les responsabilités – est devenu ce que je préfère. » Elle découvre qu’elle aime avoir une vision d’ensemble, chercher des solutions, coordonner. À l’issue de la crise, la direction lui propose le poste d’infirmière coordinatrice. Elle accepte. « J’appréhendais le management, un aspect inconnu de mon métier. Jve pensais que ce n’était pas pour moi. Et pourtant, c’est devenu ce que j’aime le plus. Chercher des solutions, construire une organisation cohérente, fédérer une équipe. »

De l’instinct à la stratégie

Rachida se forme au management grâce aux formations internes, notamment celles proposées par la Fondation. « Ces formations m’ont donné confiance. Ce métier nous pousse à douter constamment, mais à force de soutien et de travail, on construit sa légitimité. » Rachida adopte un management participatif, à l’écoute, basé sur la cohésion et la transparence : « Je valorise les compétences de chacun, j’encourage les échanges, je crois à la complémentarité. »

Mais tout n’a pas été simple. Passer de collègue à manager lui vaut des résistances : « Les premières semaines ont été difficiles. Mais je me suis accrochée. Je savais que mes intentions étaient justes. » Elle tient grâce au soutien de la direction, à sa capacité à se remettre en question, et à son instinct. Les résultats finissent par parler d’eux-mêmes : les familles sont satisfaites, les résidents aussi. Peu à peu, elle gagne la confiance des équipes. « On avance ensemble. »

Fidéliser, inclure, faire grandir

Face au défi du turnover, Rachida a mis en place des outils concrets pour fidéliser. Résultat : sur dix postes vacants, huit CDI ont été signés récemment. « Je suis passée par là. Je comprends les réticences face au CDI. Mais je leur montre ce qu’ils ont à y gagner. »

La Directrice valorise l’environnement de travail : ambiance, stabilité, formations, soutien, le fait d’appartenir à un groupe comme la Fondation, qui offre des services supports bienvenus, notamment la présence d’une responsable opérationnelle des soins…  « Ce n’est pas que le salaire. C’est la qualité des relations, la reconnaissance, la place qu’on leur donne. »

Elle évoque notamment les « formations flash » organisées deux fois par semaine – de modules de 20 minutes ouverts à tous, sur des thèmes variés : la contention, la liberté de culte… Ou encore le «café du lundi», moment informel d’échange entre tous les membres de l’établissement, autour de viennoiseries : « Ce temps manquait. Il est précieux. Il montre qu’on est à l’écoute. Il permet aux équipes du weekend de parler de leurs réussites ou difficultés et à ceux qui démarrent la semaine d’y entrer de manière conviviale. On y parle de soi. »

La clé : une équipe dirigeante soudée, équitable, humaine. « On traite tout le monde avec la même bienveillance, et surtout avec équité. Si une collègue a une urgence familiale, on l’entend. C’est normal. Ce qui effraie souvent dans le CDI c’est le manque de liberté sur les congés, alors on rassure sur ce sujet. Il y a les congés payés, avec compteur, mais rien n’empêche de poser des congés sans solde si ça ne suffit pas. A partir du moment où c’est prévu à l’avance et bien organisé, il n’y a pas de raison pour que cela soit refusé. Cela joue beaucoup pour l’acceptation d’un CDI, finalement. » 

Un métier plein de vie

Pourquoi rester en EHPAD ? La réponse de Rachida est claire : « On accompagne les résidents du début à la fin, chez eux, dans leur quotidien. On ne soigne pas une pathologie, on prend soin d’une personne. » Elle balaye le cliché selon lequel l’EHPAD serait moins « technique » : « Les soins sont là, on utilise toutes nos connaissances médicales, mais surtout, il y a une richesse relationnelle, une profondeur dans l’accompagnement qu’on ne trouve pas ailleurs. On connaît les résidents, on suit leurs souhaits jusqu’à la fin.»

Et pour convaincre une infirmière de travailler en EHPAD ? « Viens avec tous tes acquis, toutes tes compétences. Tu vas les utiliser, mais avec plus d’humanité, plus de sens. Tu vas les faire vivre dans le temps, dans une relation de confiance. Tu ne feras pas que soigner. Tu accompagneras. »