• 01/01/2019
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Regard croisé sur le métier de psychologue

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À l’occasion des journées professionnelles des psychologues qui seront organisées fin mars par la Fondation, découvrez le parcours et le regard que portent deux professionnels sur leur métier. Delphine Gaillard, psychologue aux Mazets de l’Argilier à Aubais et à l’Accueil à Vauvert (Gard), et Maxime Lamare, psychologue au Château à Ecaillon et au Pévèle à Saméon (Nord).

Quel est votre parcours professionnel ?

Delphine Gaillard : J’ai commencé par des études de sciences humaines à l’université. Après un DU de musicothérapie, je me suis spécialisée en neuropsychologie, en master de psychopathologie du vieillissement. J’ai très vite eu envie de m’orienter vers la gériatrie, en raison de mon histoire familiale : j’ai eu deux grands-mères très présentes qui m’ont donné le goût de ce public âgé. Diplômée en 2005, je suis arrivée à la Fondation en 2011 à Vauvert puis à Aubais en 2012. Je suis à mi-temps dans chacun des deux établissements.

Maxime Lamare : J’ai suivi un cursus en psychologie à l’université de Lille. Dès ma 3e année, j’ai décidé de m’orienter vers l’accompagnement des personnes âgées, grâce à un stage réalisé en EHPAD. Je me suis spécialisé en neuropsychologie (une branche de la psychologie qui s’intéresse à la gestion des dysfonctionnements cognitifs et comportementaux survenus après des lésions cérébrales), en y associant un cursus plus classique. Après l’obtention de mon master, j’ai travaillé dans différents EHPAD, et je suis arrivé à la Fondation en 2016. Je travaille désormais à 50% au Pévèle (Saméon) et 40% à Écaillon (Résidence Du Château).

Pouvez-vous décrire votre métier ? Quelles sont les missions d’un psychologue en EHPAD ?

Delphine Gaillard : J’interviens à trois niveaux : auprès du résident, de sa famille et des équipes de soins et d’encadrement. Je rencontre tous les nouveaux résidents pour les aider à prendre leurs repères ; puis je les accompagne au quotidien au long de leur séjour dans l’établissement. Peu de résidents demandent spontanément à me voir, peut-être en raison de leur perception du métier de psychologue. C’est une génération pour qui le psychologue reste un point d'interrogation. Je vais les voir en fonction des retours de l’équipe ou des familles, et de mon propre ressenti. Dans tous les cas, ce sont les personnes elles-mêmes qui me guident dans ma façon d’être : je m’adapte à chacun, mais j’agis toujours avec beaucoup de douceur et de discrétion. Après tout, ils sont chez eux ! Les familles ont également besoin d’être accompagnées, notamment au début, car certaines culpabilisent de mettre un proche en EHPAD. Nous nous voyons pour élaborer le projet de vie de leur parent. Je reste en contact avec les familles qui le souhaitent tout au long du séjour de leur parent. Je travaille en étroite collaboration avec les équipes soignantes : nous partageons les informations sur chaque patient, grâce à des points réguliers. Je me tiens à l’écoute de leurs besoins si une personne souhaite échanger individuellement, par exemple, concernant une difficulté sur l’accompagnement d’un résident.

Maxime Lamare : Je m’occupe principalement des résidents, je veille à ce qu’ils soient le mieux possible. Je les rencontre dès les réunions de pré-admissions, pour les connaitre et préparer la transition de lieux de vie. Cela se révèle très compliqué pour certains résidents de quitter leur domicile et leur « vie d’avant ». J’effectue également un accompagnement au quotidien. Il est assez fréquent que les résidents se focalisent négativement sur des détails (matériels ou humains) qui reflètent en réalité un mal-être. Dans ces cas-là, je travaille aussi bien avec le résident pour essayer d’en comprendre les raisons et d’améliorer la situation, qu’avec l’équipe. J’explique l’attitude du résident pour qu’elle ne soit pas perçue comme des « attaques » contre eux. Les demandes d’entretiens émanent peu des résidents eux-mêmes : c’est souvent les soignants ou l’équipe qui remarquent et me signalent que quelque chose ne va pas. Le suivi n’est pas toujours réalisé à partir d’entretiens thérapeutiques cadrés : la structure me permet de pouvoir prendre du temps pour discuter avec les résidents, autour d’un café par exemple : parfois, une simple discussion suffit. Je m’occupe également des familles : je leur donne des conseils sur comment réagir ou communiquer avec un proche atteint de troubles cognitifs. Pour certains cas, je désamorce des conflits. Enfin, j’aimerais m’occuper davantage de l’équipe, en mettant en place des groupes de parole ou d’échanges de bonnes pratiques.

Quel regard portez-vous sur votre fonction aujourd’hui ?

Delphine Gaillard : Les équipes soignantes m’ont intégrée sans réserve, ce qui valorise mon travail. Les missions sont différentes en fonction des établissements et du public accueilli. Il faut être capable de s’adapter. Je travaille actuellement dans deux EHPAD très différents : Les Mazets de l’Argilier est récent et son identité est encore en construction. Les résidents viennent d’un peu partout de la région, le public est relativement hétérogène. À L'Accueil, en revanche, l’établissement est ancien et a une histoire forte, avec des équipes et des habitudes en place. Les résidents viennent de la même la ville. Ils ont des repères communs, et se connaissent. Nous accueillons des personnes avec des pathologies psychiatriques, ce qui modifie encore l’accompagnement que je dois mettre en place. Cela me permet d’élargir mes domaines d'actions et d’enrichir mes pratiques.

Maxime Lamare : Pour travailler en EHPAD, il est nécessaire d’avoir de la patience, et d’aimer les personnes. J’ai réalisé mon premier stage dans un service de rééducation. Je n’avais pas de temps à consacrer aux patients, c’était très frustrant. Lorsque j’ai réalisé mon second stage, dans un EHPAD, les missions étaient différentes : j’avais du temps pour me poser avec les patients, pour échanger avec eux, leur apporter un véritable soutien. Nous étions dans l’échange, ils me racontaient leur histoire de vie par exemple, ces moments étaient enrichissants pour moi, tout en faisant du bien à la personne.

Comment percevez-vous l’évolution de votre métier ?

Maxime Lamare : Une des choses qui évolue et qui modifie beaucoup mon travail est l’entrée de plus en plus tardive en EHPAD, ce qui peut entrainer des difficultés pour un accompagnement individuel : par exemple, accompagner une personne souffrant de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé sort de « l’accompagnement classique » du psychologue et peut nous mettre en échec. Je pense que notre métier est amené à évoluer vers une action plus globale, et moins vers un accompagnement individuel : faire de la prévention auprès des familles et de l’équipe soignante et accompagnante, agir sur l’environnement pour tenter de réduire les troubles psycho-comportementaux de certains résidents, faire de la formation…

Delphine Gaillard : J’ai l’impression que le métier est mieux accepté avec le temps. La représentation du psychologue a changé : nous ne sommes plus uniquement des interlocuteurs dédiés à la maladie mentale ; nous sommes des interlocuteurs ressources, des accompagnateurs de la vie en EHPAD.