MDR : la bande-dessinée des droits de la personne en fin de vie.

Initiée en 2024 par l’Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées DépendantesEHPAD Jacques Bonvoisin, la BD a vu le jour grâce au dynamisme et à la créativité d’une équipe pluridisciplinaire convaincue de l’intérêt d’un tel ouvrage.

 « Ah si seulement ils s’en étaient parlé ! »

Voilà ce que les équipes en Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées DépendantesEHPAD se disent souvent après un décès qu’aucun n’avait souhaité anticiper ni préparer. Parce que c’était impensable. Parce que nous vivons dans une société où nous n’avons pas appris à dire ces choses-là. Parce que cela fait de la peine et que peut-être, si nous ne l’évoquons pas, ça n’arrivera pas… !

Comment aider ceux qui rencontrent la mort ? L’équipe de Jacques Bonvoisin a voulu apporter son aide à ceux qui font l’expérience de la mort, qu’il soit un proche ou un professionnel. Elle a voulu montrer comment l’on peut échanger sur le sujet avec authenticité, sans drame, parfois même avec légèreté et humour. Cette BD informe aussi les personnes de leurs droits pour leur donner la possibilité d’agir. Elle comprend des informations synthétiques sur plusieurs sujets tels que la personne de confiance, les directives anticipées, l’acharnement thérapeutique, les soins palliatifs.

L’équipe témoigne

Céline, psychologue : « J'ai eu envie de participer à un projet artistique avec l’équipe soignante. Voir comment « Art et Soins » peuvent se rejoindre. Cela a été une très belle expérience collective. Avec une BD, on peut transmettre ce que l’on vit à l'intérieur de notre métier. Je trouve le résultat magnifique. La BD est joyeuse. On y apprend des choses. Elle parle à tous les âges. »

Caroline, infirmière coordinatrice : « L'idée de départ, c’était de mieux faire connaitre les directives anticipées. Le sujet est important mais mal connu. Les directives permettent aux proches de se positionner plus facilement, à l'équipe pluridisciplinaire de mettre en place l’accompagnement de fin de vie en sachant réellement ce que souhaite la personne. La BD est un outil supplémentaire par rapport à ce qui est fait au sein de la résidence. Son écriture a permis à chacun de parler des fins de vie plus ou moins difficiles. Via les paroles des personnages, on apporte un peu notre vécu. On peut rire aussi, parce que le soin palliatif n'est pas forcément triste, la fin de vie non plus. On peut échanger avec les proches et aussi les résidents. Cette BD, elle doit servir à tous pour se préparer, pour anticiper. »

Lolo, infirmière : « Ce projet, c’était de créer un outil pour les accompagnants, les familles et les soignants aussi. Oui, ça m'a beaucoup plu de participer. Je suis le seul personnage de la BD existant et nommé. Je suis très honorée d'avoir été choisie ! Mon travail est représenté. Avant, je pensais que je faisais juste mon travail quoi… ! En mettant des mots et des images sur les actions accomplies, ça veut dire qu’il est reconnu. »

Marie-Odile, directrice : « L’expérience des professionnels nous apprend que la politique de l’autruche en matière de fin de vie, n’est jamais le bon choix. À l’inverse, les mots préparent, aident au travail de deuil, consolent même. Savoir ce qui va se passer rassure. Respecter ce que veut son proche apaise. Notre conviction depuis le début : être acteur de sa fin de vie, c’est être vivant. Nous avons beaucoup ri en concevant la BD. Les différentes planches sont reliées par l’humour ou la tendresse. »

À la portée de tous, une BD illustrée par Nicolas Stérin

 « Nous avons travaillé en équipe. La BD a été découpée en scénettes. On avance jusqu’au décès du personnage. Tout au long, nous avons imaginé des gags. C’est vraiment le collectif qui a permis de trouver le ton juste. Ce travail s’est fait dans la bonne humeur et nous avons tous été très impliqués. J’ai appris des choses, par exemple sur la personne de confiance, que je ne connaissais pas. Je ne savais pas non plus qu’il y avait autant de préparation de la fin de vie. »